Le projet gazier de Camisea dans lequel Sonatrach détient des intérêts a été inauguré officiellement, selon un communiqué de la compagnie nationale des hydrocarbures. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, ainsi que le PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, se sont déplacés pour la circonstance au Pérou pour prendre part à la cérémonie officielle qui a eu lieu en présence du président péruvien Alejandro Toledo. Selon le communiqué de Sonatrach, les cérémonies ont eu lieu les 5, 6 et 7 août. Elles ont concerné le centre de séparation du gaz associé (liquides/gaz) de Malvinas situé dans la jungle péruvienne, le terminal d'arrivée de gaz de la ville de Lurin, à 45 km au sud de Lima, et l'unité de fractionnement des liquides située dans la ville de Pisco. Le champ de Camisea, qui se trouve dans la jungle au Pérou, recèle du gaz humide avec des réserves prouvées de 246 milliards de mètres cubes de gaz, 305 millions de barils de condensat et 284 millions de barils de GPL. Le gisement se trouve dans le bassin d'Ucayali, à 500 km à l'est de Lima, au Pérou. La participation de Sonatrach s'est faite en deux étapes. La première a consisté à prendre, à la fin de l'année 2000, des intérêts à hauteur de 11,09% dans le segment du transport. Le projet prévoyait la et l'exploitation en B.O.O.T., sur une durée de 33 années, de deux canalisations de 540 km pour les hydrocarbures liquides et 714 km de longueur pour le gaz naturel. Dans le projet, Sonatrach est membre d'un consortium composé de Tecgaz Camisea SA (30,78%), Tecgas NV (0,63%), Plus Petrol R (19%), SK Corp (9,50%), Grana Y Montero (2%) et Tractebel SA (8%). Le gazoduc de 714 km de longueur relie le champ de Camisea à Lima et Callao. Tandis que l'oléoduc de 540 km de longueur relie Camisea à la ville de Pisco. L'investissement pour les deux canalisations a été de 813 millions de dollars. Dans une seconde étape, Sonatrach a renforcé sa participation dans le segment transport et a pris des intérêts dans l'amont pour participer à l'exploitation des hydrocarbures. Au mois de septembre 2003, la compagnie nationale a annoncé avoir finalisé deux accords avec la compagnie argentine Plus Petrol, membre du consortium. Les deux accords, qui ont été approuvés par les autorités péruviennes, ont abouti à l'entrée de Sonatrach dans la partie amont du projet pour 10% (sur le bloc 88) et à l'augmentation de 10% de sa part dans le segment transport. Au total, Sonatrach se retrouve actionnaire à 10% pour l'exploitation des hydrocarbures et à 21,09% pour la partie transport (TGP). Dans cette même partie, Plus Petrol est passée de 19% à 9%. L'exploitation du projet, qui est intégré, puisqu'il conprend la production, l'exploitation et la commercialisation du gaz naturel et des liquides, se fait à travers deux consortiums dans lesquels se trouve présente Sonatrach. Le consortium d'exploitation des champs est dirigé par la compagnie américaine Hunt Oil Company et dans lequel on retrouve Sonatrach, mais aussi Plus Petrol, la compagnie coréenne SK et le consortium de transport (TGP). Le gazoduc transportera au départ 6,5 millions de m3/jour avant d'atteindre la capacité de 13 millions de m3/j. L'oléoduc pourra transporter 50 000 barils par jour (b/j) avant de passer à une capacité de 70 000 b/j. L'ensemble du projet a nécessité un investissement de 1,6 milliard de dollars. Il s'est trouvé confronté à l'opposition des organisations non gouvernementales (ONG) à cause des travaux effectués dans la jungle péruvienne. Finalement, le consortium a réussi à négocier avec les tribus indiennes certaines solutions dans le domaine social. La compagnie Shell, qui a découvert le gisement il y a vingt ans, et Exxon Mobil n'avaient pas voulu s'engager dans son exploitation à cause d'un environnement considéré comme hostile, entre la forêt amazonienne et la cordillère des Andes. Une zone où la guérilla d'extrême gauche était active. Sa présence au Pérou a été considérée par Sonatrach comme « un positionnement stratégique en Amérique du Sud, dans un pays en plein essor économique ». C'est aussi la concrétisation de l'objectif de « disposer de nouvelles ressources gazières en dehors de l'Algérie en vue de diversifier son portefeuille et disposer d'un accès à de nouveaux marchés, notamment sur l'Amérique du Sud et l'Amérique du Nord ». Camisea est déjà entré en production et Sonatrach devra avoir ses premiers revenus durant ce mois d'août grâce à la commercialisation du condensat et du GPL qui y sont produits. Six puits producteurs ont déjà été mis en exploitation au mois de juin sur un total de 18 prévus. Le gisement devrait rapporter environ 400 millions de dollars par an, dont 37 % iront aux autorités péruviennes.