La corporation des pharmaciens se sent de plus en plus interpellée par la nécessité de s'organiser et de faire valoir son rôle de maillon essentiel dans la politique du médicament et de la santé en général. Les participants à la Journée nationale de la pharmacie organisée le week-end dernier par l'Association des pharmaciens de la wilaya de Béjaïa, expriment pratiquement tous le même souci, celui de réhabiliter la profession et d'aller vers une organisation plus structurée des rangs, qui plus est, maintenant que le pays fait face à la fois aux maladies des pauvres et aux maladies des riches, dixit, le professeur Abed, président du conseil national de l'Ordre des pharmaciens. L'éthique et la déontologie du métier, le conseil de l'Ordre s'attelle à les faire respecter depuis sa mise en place en 1998, dira encore le Pr Abed en reconnaissant que la tâche n'est pas des plus simples, vu les carences relevées. Docteur Bengaouer, président de l'Association des pharmaciens de la wilaya de Annaba, estime pour sa part que le raffermissement des règles d'implantation et de fonctionnement des officines, se traduit automatiquement par une amélioration de la qualité du service offert par le pharmacien. Entre autre exemple de désorganisation, l'on relèvera ainsi que des pharmacies se sont installées comme on installe n'importe quel commerce alors que les textes préconisent une unité pour 5000 habitants. L'effet en est qu'une « concurrence déloyale » a fait son apparition entraînant le non-respect de certaines règles relatives à la délivrance de médicaments sensibles. Le programme de la journée, qui n'a pas dérogé à la substance scientifique, a traité notamment de la nouvelle loi sur les psychotropes, promulguée en décembre 2004. Nombreux aspects du texte, qui ajoute de nouveaux crans à l'action répressive de l'Etat contre le fléau de la drogue, concernent en effet la profession des pharmaciens, ceux chargés des officines notamment et qui souvent se retrouvent confrontés directement aux consommateurs des substances psychotropes. Non sans risques parfois, puisque des pharmaciens nous feront état d'agressions violentes commises par des consommateurs en manque. Enfin et sur un autre plan, l'expérience de la mobilisation de la corporation lors du séisme de Boumerdès en mai 2003 a été décortiquée par docteur Kasmi, membre de l'association de Béjaïa. Une expérience menée dans l'urgence et qui a eu plusieurs couacs, qu'il s'agit de capitaliser au plus vite, en définissant un processus d'intervention précis en cas de catastrophe.