De la mémoire collective, toujours vivace faite autour de cette légende locale et de quelques documents précieusement gardés par des particuliers, il en ressort que Fendi Abdellah Ould Sidi Slimane Bousmaha serait né en 1808 à Ben Fréha ex Legrand, localité située à 20 km au sud - est d'Oran. Il a passé la majeure partie de son enfance à Béni Ounif, du côté de Béchar, plus exactement dans la Zaouïa de son arrière grand père, Sidi Slimane Bousmaha. En contrepartie d'une allégeance manifestée sans faille à El Bey Med El Kebir, (le libérateur d'Oran des espagnols en 1792), ses aïeuls qui s'étaient installés dans la région de Ben Fréha depuis le 18 ème siècle, jouissaient d'un statut privilégié. Détenant toutes les terres fertiles situées entre Boufatis, Hassiane Etoooual et Sidi Chahmi, soit plus de 20.000 hectares, ils régnaient, sans payer d'impôts, sur les marais qui longeaient ces terres jusqu'à la Mactaa en passant par Bethioua. L'extraction du sel, denrée à forte valeur marchande en ces temps-là, et sa vente à l'étrangers via le port d'Arzew, prodiguait à ces derniers une certaine aisance financière. Au mois d'août 1830, sous les yeux de Fendi Abdellah, le dit port, encore sous domination algérienne, vécut une petite bataille navale entre une flotte de guerre française et une autre américaine qui convoyait un bateau commercial, venu décharger une cargaison de blé aux autorités algérienne. La bataille se soldera par la destruction de la flotte française. Le 19 septembre de la même année, les Etats-Unis d'Amérique, devant l'acharnement de Charles 10 à vouloir coûte que coûte coloniser l'Algérie, proclamèrent leur neutralité. Comprenant parfaitement les intentions du combat de l' Emir, certains documents le présentent encore comme le véritable architecte des principales batailles ayant eu lieu dans la région, respectivement le 15 janvier 1831 à Moulay Ismaël, localité située à 5 km de Boufatis, le 8 mai 1833 à Sidi Chahmi aux côtés d'un autre héros méconnu dénommé Debbi et celle de la Mactaa, célèbre bataille ayant eu lieu, exactement, le 28 juin 1835. un tacticien hors paire Sa connaissance du terrain, sa tactique guerrière et son aura auprès des autres tribus de la région, le prédisposait à un tel rôle. Il y'a lieu de citer la création, sous son commandement à Moulay Ismaël vers 1835- 1836, d'une petite industrie d'armement où l'on fabriquait fusils et petits canons. En subtil militaire, les documents rapportent sa tactique guerrière. Le 25 juin 1843, des dizaines d'embuscades tendues, simultanément, entre Sig, Béthioua et Mes El Hadjadj par ses hommes à une armée française lourdement équipée qui essayait de pénétrer l'arrière pays, coûtèrent la vie à 895 soldats pour la plupart morts noyés dans les marais . A la suite de cela, démoralisés, les officiers français de l'expédition adressèrent, officiellement, à leurs supérieurs une protestation dans laquelle ils décrivirent les dures conditions de combat dans les marais, face à un ennemi invisible et insaisissable. Quelques mois après la capitulation de l'Emir, soit vers le début de 1849, Fendi Abedellah, exténué par tant d'années de combat et de galère est grièvement blessé lors d'une embuscade tendue, cette fois-ci, par les Français du côté de la Mactaa. Il fut déporté au bagne de Toulon sous les ordres du Général Lamoricière. Là, il fut jugé en tant que bandit de grands chemins et guillotiné. On rapporte que son aide de camp, un certain Amar El Kbaïli, emprisonné avec lui, s'était suicidé dans le bagne même, en apprenant la mort de Fendi Abdellah. Ses terres soit 4.000 ha et 50 kg d'or lui furent expropriés. Cette dépossession peut être vérifiée par un document établi en 1919 chez un notaire d'Oran. Sa famille et sa descendance furent déchues de tous leurs droits par les autorités françaises. Les décret portant cet acte existe aussi. Sa fille Aicha et sa mère Boutabout, choisiront l'exil à Damas et un de ses petits fils de la troisième génération, Fendi Mohamed, patriote de la première heure, fut sommairement exécuté dans la localité de Menatsia, au tout début de la révolution, plus exactement le 20 décembre 1955. En véritable Légende locale, Fendi Abdellah doit inviter les historiens à défricher beaucoup plus, un parcours d'une éminente personnalité historique restée, étrangement et injustement, méconnue.