Coutume n S'hab el-baroud du Touat sont de toutes les fêtes dans la région d'Adrar. Tout le monde se souvient de S'hab el-baroud, cette chanson du terroir reprise par cheb Khaled dans les années 1980, époque où le raï commençait à sortir du ghetto, à s'imposer sur les scènes et à conquérir le public. Cette chanson, qui a fait danser toute une génération, parle de ces hommes, s'hab el-baroud – ou les baroudeurs, les gens du baroud (la poudre) – qui, avec leur tenue traditionnelle, gandoura blanche ceinte de cuir multicolore, leur sacoche, leur turban noué avec art, mettent de l'ambiance avec leurs vieilles carabines dans toutes les fêtes, les ziarate et toute rencontre festive. Tout le monde s'en souvient, en effet. Mais depuis, que reste-t-il de ces hommes qui, avec leurs vieux fusils aux crosses rafistolées avec des bouts de tôle en cuivre, ont marqué à jamais les mémoires et font partie de la culture populaire ? Que reste-t-il de cette tradition ? De nos jours, cette tradition, qui relève de la culture populaire se fait, d'année en année plus rare, elle se perd dans certaines régions du pays, mais dans d'autres, notamment dans le Sud (Adrar) où les pratiques ancestrales sont répandues, les «gens de la poudre» ou s'hab el-baroud continuent à faire effet. Ils sont de toutes les fêtes : mariage, circoncision, retour de pèlerinage et autres cérémonies de la vie sociale. Toutes ces festivités ne peuvent se dérouler sans la présence d'un ou plusieurs groupes de baroudeurs. Cette tradition est si ancrée dans les coutumes que chaque ksar avait, à proximité de la place où se réunissaient les sages du village, un mortier en pierre qui servait à piler les ingrédients entrant dans la composition de la poudre noire. Souvent regroupés dans des associations à caractère culturel, ces groupes du baroud sont parfois accompagnés par des musiciens traditionnels jouant d'un instrument à vent : zorna, ghaïta ou cornemuse dont le sac est fait d'une peau de chevreau. Des percussionnistes jouant de la derbouka, du t'bal de diverses tailles et formes ou du karkabou soutiennent le rythme du chant des baroudeurs, un chant toujours simple, ne comportant guère que deux ou quatre vers, répétés à l'unisson. Avant d'entrer en piste, les baroudeurs préparent leurs armes. Ce sont souvent des vieux mousquetons à chien et à capsule. Le baroudeur charge son fusil par le canon, en tassant la poudre avec une tige de métal grâce à laquelle il peut évaluer la quantité de poudre introduite en jaugeant la partie qui dépasse du canon à l'aide de ses doigts. Après quelques minutes de chants et de rythme, les baroudeurs, qui sont soit en cercle soit alignés, lèvent leurs fusils vers le ciel et tirent ensemble, en une seule salve, à l'unisson. Les baroudeurs du Touat et leurs chants sont appréciés de tous. Ils constituent un spectacle attrayant, pour peu que l'on fasse l'impasse sur les décibels.