La salle de cinéma de Tazmalt, ou ce qu'il en reste, a été démolie dernièrement par les autorités. L'édifice a été la cible privilégiée des émeutiers du printemps noir, et après constat effectué par le CTC, le bâtiment a été déclaré irrécupérable. C'est toute la ville, privée déjà de structures culturelles, qui se retrouve appauvrie davantage. La première salle de cinéma de la localité fût construite par une épouse de colon en 1953, et l'entrée fut réservée uniquement aux colons et aux soldats de l'armée coloniale. La salle sera vendue en 1958 aux Algériens qui continuèrent les projections de films jusqu'aux années 1990. Elle dut s'arrêter pour manque de pièces de rechange et surtout pour la non rentabilité de l'activité. C'est à la fin des années 1980 qu'une grande salle fut construite par les pouvoirs publics et devait servir de cinéma, mais elle n'a jamais réellement assuré sa vocation pour cause, entre autres, de non disponibilité du matériel de projection. Mais l'infrastructure, malgré un aménagement approximatif, a eu le mérite d'avoir fait profiter jeunes et moins jeunes des passages de figures de la culture nationale à travers les monologues de Fellag, et des escales d'artistes, dont le regretté Kamel Messaoudi, le groupe Ideflawen, et bien d'autres.Sa démolition laisse un vide que nombreux citoyens voudraient voir vite comblé. Sur les lieux, encore jonchés de gravats, un panneau incongru vous invite à protéger l'environnement. Pour voir un film désormais, et en ce moment où l'activité culturelle semble connaître quelques frémissements, les cinéphiles doivent se déplacer ailleurs. L'activité cinématographique a tiré sa révérence à Tazmalt, et sa renaissance tient à un hypothétique investissement.