Le verger oléicole national occupe une superficie totale de 200 000 hectares. Alors que les oliveraies de la Kabylie et de l'Est sont, essentiellement, destinées à la production d'huile qui oscille, annuellement, entre 400 000 et 500 000 quintaux, la région Ouest produit de l'olive de table, destinée à la consommation. Avec seulement 1% de la production mondiale d'olive de table, l'oléiculture algérienne se classe loin derrière l'Espagne, les USA, le Maroc, la Turquie, l'Italie et la Grèce qui totalisent, à eux seuls, plus de 80 % de la production mondiale qui aura atteint, selon les chiffres du Conseil Oléicole International dont le siège se trouve à Madrid, plus de 11 millions de quintaux durant la campagne 2003/2004. Il se trouve que nombre de ces pays appliquent des politiques audacieuses de régénération, de densification et d'extension des superficies, tout en veillant à l'amélioration variétale et la potentialisation des techniques culturales. Engagée dans une politique agricole soucieuse, uniquement, de résultats à cour terme, l'Algérie n'a pas toujours accordé au secteur de l'oléiculture toute l'attention qu'il mérite. C'est en tous cas l'avis que partagent plusieurs opérateurs qui n'admettent plus que cette activité, qui pourrait rapidement exporter des tonnages importants d'olive de table, continue de s'exprimer dans des conditions extrêmement difficiles. Rien que pour la plaine de Sig, sur les 800 à 1000 hectares plantés depuis 1980, ils déplorent que dans la précipitation, des variétés autres que la Sigoise aient été introduites, parfois, à l'insu des fellahs. Ce qui incitera nombres d'entre eux à procéder à un arrachage systématique des plants dont la vocation est de ne produire que de l'huile-ramenés à grands frais d'autres régions. Les producteurs sont unanimes pour réclamer l'élaboration d'un véritable plan orsec pour sauver l'oliveraie de Sig et de sa région. D'abord en assurant à l'ensemble des exploitations les 3 irrigations annuelles qu'exige cette culture. N'en déplaise à cet agronome du ministère de l'agriculture qui aurait déclaré ne pas être convaincue de la nécessité d'une irrigation d'hiver sur laquelle tous les spécialistes s'accordent. Celle- là même pour laquelle les romains, 114 ans avant J.C., avaient érigé un barrage de 8 millions de m3. Un ouvrage dont la capacité a été, depuis, portée à 16 millions de m3 mais qui n'offre la précieuse eau que parcimonieusement. La nécessité de réhabiliter le réseau d'irrigation, qui par endroit tombe en lambeaux, n'a pas échappé au responsable local de l'agriculture qui préconise une canalisation souterraine afin de réduire l'évaporation et les picages illicites. Une opération de grande envergure qui devient incontournable, dès lors que les superficies ont été augmentées de plus de 1000 ha de jeunes plantations qui viendront s'ajouter aux 4000 ha existants. Codifier la période de cueillette Pour Youcef Bédia, jeune transformateur qui assure la relève de son vieux père, il y a urgence à codifier la période de cueillette, à faciliter le renouvellement des équipements et à réviser le taux de 17% de TVA, qu'il n'est pas le seul à trouver exorbitante. Il suffirait pour cela de classer la profession dans l'activité agricole et l'imposer à un taux de 7% au lieu des 17% actuels. D'autant que plus de la moitié de ses puits de stockage, confectionnés en béton dont il badigeonne les parois au vernis alimentaire, sont à moitié vides. Une baisse de production qu'il n'est pas le seul à signaler. Ce qui devrait se traduire par une sérieuse perturbation du marché, notamment, à la veille du Ramadhan. Période durant laquelle tous les regards des Sigois sont rivés sur la frontière marocaine, trop permissive et pas seulement pour le cannabis du Rif mais, également, pour les olives de sa majesté. Avec ses 800 000 ha dont plus de 200 000 sont occupés par l'olive de table, ce voisin est, assurément, un redoutable concurrent. Seulement, sur le marché intérieur, nous confiera Ali Elagag, à l'époque des exportations, les olives marocaines devaient attendre que la Sigoise disparaisse des étalages européens pour venir, en catimini, occuper la place laissée vacante. Ce qui ne le l'empêchera pas d'affirmer que nous ne sommes pas encore prêts pour le retour sur le marché international. Plus de rigueur Pourtant la demande est réelle et les incessants va et viens, que notre interlocuteur est le premier à reconnaître, ne sont pas que des voyages d'agréments. Une discrétion de façade qui ne peut cacher l'évidence. Car selon certaines révélations, un opérateur canadien serait venu avec des propositions fermes et un cahier des charges drastique, notamment, pour s'assurer que pour cette fois, il faudra que les partenaires algériens s'arment de plus de rigueur. Il y va de la crédibilité des deux partenaires et de la revivification d'un marché jadis florissant. L'espoir est pourtant permis. En effet, chez des opérateurs de seconde génération, à l'instar des Aïs et des Bédia, l'ambition de faire mieux que leurs devanciers est manifeste. Il leur faut s'armer de patience et surtout ne pas hésiter à s'entourer de compétences.