Les travailleurs de Simas, entreprise métallurgique située à Hassi Ameur et proposée à la liquidation, ont décidé, en ce début août, de temporiser avant l'entame de leur grève de la faim décidée le 23 juillet dernier. Dans une lettre datée du 27 juillet et adressée au collectif des travailleurs, le directoire de la SGP Construmet (construction métallique), non directement concerné jusque-là, a noté que « toutes les orientations ont été données à l'effet de préserver les intérêts et les droits des travailleurs ». Le liquidateur désigné à cet effet depuis avril dernier, suite à la dissolution de l'entreprise décidée le 28 mars par les actionnaires dont le partenaire canadien KPS, est sommé ainsi de « réunir les ressources financières pour l'indemnisation des travailleurs » et, indique-t-on plus loin, « de dégager des perspectives sérieuses pouvant assurer une meilleure prise en charges de (leurs) préoccupations immédiates ». Les travailleurs occupent toujours l'usine et refusent de quitter les lieux tant que leur problème n'est pas pris en charge. « Quittez l'usine, laissez le liquidateur faire son travail et on vous rappellera pour les indemnisations », leur a-t-on proposé au conseil d'administration, rapporte M. Metahri, membre du comité de participation et M. Tandjaoui, un cadre de la planification de Simas. Le partenaire social a réitéré son refus. En avril, M. Tifoura, liquidateur désigné, s'est présenté à l'usine, mais il a été empêché d'accomplir la mission pour laquelle il s'est déplacé. « A ce moment-là, nous revendiquions l'arriéré de salaire de mars et les indemnisations liées à la liquidation mais le liquidateurs n'avait pas les moyens d'indemniser les 430 travailleurs », rapportent nos deux interlocuteurs en expliquant que l'entreprise souffrait d'un découvert bancaire de 87 milliards de centimes et des dettes (fournisseurs et autres) dont le montant avoisine les 100 milliards de centimes. Parallèlement, une action en justice a été entamée. La situation a perduré jusqu'à juillet avec cumul des arriérés de salaires qui passent de 1 à 5 mois. C'est donc à la demande du partenaire social et des cadres de Simas qu'une assemblée générale des actionnaires s'est tenue le 20 juillet au siège de l'ENCC à Alger en présence du président du comité de participation, Ali Arab, et de M. Metahri. Cette assemblée a été considérée comme un échec par les travailleurs malgré la présence du partenaire canadien KPS. De retour à Oran, une AG des travailleurs a été convoquée et c'est là que l'action d'entamer une grève de la faim a été décidée. Parmi plus de 400 travailleurs, 207 se sont portés volontaires. Cette liste a été transmise à toutes les hautes instances du pays, mais aussi à la police et à la Gendarmerie nationale. Quelques jours plus tard, M. Metahri dit avoir reçu un coup de téléphone du responsable de la SGP/CM pour une réunion devant avoir lieu le 30 juillet. Les doléances du partenaire social ont été prises en compte et des promesses verbales (réunir les fonds en août et relancer l'activité) ont été données en présence du PDG du groupe ENCC, du liquidateur, du président du comité de participation et du secrétaire général de la section syndicale de l'entreprise, Amirouche Hadadi. Le 1er août, une autre assemblée générale a été convoquée. « L'assemblée générale des travailleurs, convaincue de la bonne foi des intentions de la SGP, a accepté de temporiser l'application de la grève de la faim », est-il noté dans le procès-verbal de cette réunion. A partir du 10 août, les membres du directoire accompagnés d'un expert de l'UGP (unité de gestion des programmes de l'Union européenne) effectueront un passage à l'usine, apprend-on également. Qu'adviendra-t-il des compétences et du potentiel humain de cette entreprise ? Un fleuron de la métallurgie qui a fait la fierté de l'Algérie des années 1970 et son rêve de bâtir une nation forte. Cet aspect est également pris en compte dans les revendications des employés et cadres de Simas. « Les perspectives sérieuses » dont parle la lettre émanant de la SGP consistent en le lancement d'un avis d'appel d'offres national et international (01/05 SGP/CM) de joint venture, dont le cahier des charges qui s'y réfère (disponible sur le site Internet www.construmet.dz) précise que « l'adjudicataire assumera les responsabilités de direction et de gestion de la société ». En contrepartie, il devra veiller au maintien de l'activité pendant 10 ans et de la préservation de l'emploi pendant 5 ans (seulement !).