Un pas à saluer, mais il faut qu'il soit suivi d'autres mesures concrètes pour consolider l'exercice démocratique en Algérie. » C'est ainsi qu'a commenté, hier, Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs (PT) la charte pour la paix et la réconciliation nationale annoncée par le Président Bouteflika et publiée, lundi, dans le Journal officiel. Animant une conférence débat à l'occasion de la clôture de l'université d'été du parti à l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel (ISMS) de Bordj El Kiffan (Alger), la porte-parole du PT est remontée jusqu'aux « origines de la tragédie nationale » pour émettre ses propositions. Tout en saluant la démarche présidentielle, Louisa Hanoune a tenu à émettre ses remarques sur le sujet. « Nous avons étudié le discours du Président et le contenu de la charte qu'il a proposée. Ce document comporte les aspirations de la majorité des Algériens de faire taire le langage des armes. La réconciliation était notre demande depuis le début de la crise », a-t-elle déclaré. En faisant un tour d'horizon sur la crise et les démarches entreprises pour sa résolution depuis 1992, la conférencière s'est posé des questions : « Est-ce que cette démarche va réaliser les aspirations du peuple ? Est-ce qu'elle va permettre le retour de la démocratie ? Est-ce qu'on va associer toutes les parties dans le débat sur la question ? » La non-participation de la classe politique dans l'élaboration de ce projet soulève les objections du PT. Le parti déplore l'absence d'une consultation de la classe politique nationale. Louisa Hanoune dira de surcroît que l'interdiction de l'exercice politique aux responsables immédiats de la crise « n'est pas favorable à la réalisation de la réconciliation ». « Il faut que le droit à l'exercice de la politique soit garanti à tout le monde et que l'armée rentre dans les casernes », a-t-elle indiqué. Le PT a appelé aussi à faire la lumière sur le dossier des disparus. Selon la première responsable de ce parti, l'indemnisation des victimes ne règle pas, seule, le problème. Afin de permettre la réussite de la réconciliation, le PT suggère son élargissement à l'officialisation de la langue amazighe et la résorption de la crise en Kabylie. « Ce sont des questions primordiales. La crise de Kabylie doit être résorbée d'urgence si l'on ne veut pas la dislocation du pays. La politique est aussi l'art de hiérarchiser les problèmes ; il faut régler cette crise d'urgence par l'officialisation de tamazight », a-t-elle lancé. Le Parti des travailleurs a abordé, durant cette deuxième édition de son université d'été, plusieurs thèmes liés à la situation sociopolitique du pays. Cette manifestation a été consacrée, notamment, à la formation des jeunes militantes et militants du parti.