M. et Mme Khaled Guermah, les parents de Massinissa assassiné le 18 avril 2001 dans les locaux de la gendarmerie de Beni Douala, ont été entendus hier par le juge d'instruction du tribunal de Tizi Ouzou durant près de deux heures. Le père Guermah a raconté au juge les circonstances dans lesquelles son fils a été arrêté et ce qui s'est passé à l'intérieur de la brigade, selon ce que lui a raconté son fils avant de mourir. Pour Khaled Guermah, c'est un acquis pour le mouvement citoyen et la population de Kabylie qui a trop souffert. Il faut rappeler que l'assassin présumé de Massinissa Guermah, le gendarme Mestari, a été condamné par le tribunal militaire de Blida à deux ans de prison en 2002 et a été libéré en 2004. Khaled Guermah avait refusé d'assister au procès qui s'est déroulé au tribunal militaire parce qu'il ne pouvait se constituer partie civile et qu'il a toujours revendiqué que l'assassin de son fils soit jugé par une juridiction civile. Pour les délégués des archs qui ont accompagné Khaled Guermah au tribunal, le transfert du dossier de Massinissa au tribunal de Tizi Ouzou confirme « la volonté politique affichée jusqu'à présent par l'Etat dans le processus actuel de mise en œuvre de la plateforme d'El Kseur ». C'est à travers une déclaration rendue publique hier que la CADC exprime sa satisfaction de voir l'une des revendications de la plateforme d'El Kseur connaître un début d'application. Pour les archs, la volonté du Pouvoir de mettre en œuvre la plateforme « s'est déjà traduite par la convocation précédemment de plusieurs parents de martyrs auxquels il a été confirmé l'enrôlement de leurs plaintes devant les juridictions civiles ». Khaled Guermah, Abrika et les autres délégués ont lancé un appel à témoins à tous les citoyens qui peuvent apporter leurs témoignages sur l'assassinat de Massinissa et des autres martyrs du printemps noir. Cette première audition sera suivie d'autres dans les prochains jours et il faut s'attendre à ce que d'autres personnes soient entendues. Il n'est pas à écarter aussi que le gendarme qui a tiré sur Massinissa soit convoqué au tribunal de Tizi Ouzou. Le traitement des dossiers des victimes du printemps noir par les tribunaux civils sera long et il faudra attendre la tenue des procès des gendarmes accusés d'avoir tiré sur les manifestants pour vraiment croire à cette volonté du Pouvoir de rendre justice, plus de quatre années après le déroulement des faits.