Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il s'agit d'une situation contradictoire aboulique, les ressources en eau comme les réserves de change n'ont pas respectivement étanché la soif chronique des Algériens en dépit d'une pluviométrie importante engendrant un remplissage à trop plein des barrages et atténué les poches de la pauvreté des millions d'Algériens souffrant le martyre. Dur encore, au moment où le citoyen attend une amélioration de son vécu quotidien suite à la flambée des prix du pétrole, beaucoup d'indices socioéconomiques augurent un avenir incertain, voire amer. D'ailleurs, deux aliments primordiaux verront leur prix en hausse : l'eau et le pain. Autrement dit, après le long destin des affres inévitables de la sécheresse naturelle, celui de la surfacturation lui est imposé par l'abattement calculatoire humain étant donné que l'eau vient de la Bénédiction de Dieu. Donc, malgré la Protection divine illustrée par une importante pluviométrie en hiver, le stress hydrique accompagne, jour comme nuit, l'Algérien. Le beau rêve est d'avoir des gouttes d'eau dans les robinets devenus par la force des restrictions un objet de décoration au domicile. Le cauchemar se réalise le jour : la course à la recherche de l'eau. Prenons à titre d'exemple les localités de l'Ouest, elles souffrent mortellement, celles du Centre respirent mal et l'Est se rassasit à trop plein. Pour cela, beaucoup de scénarios de démonstration de rues se sont déroulés depuis que l'été a pointé. De ce fait, il est à se demander si la restriction d'eau potable n'est pas une fatalité historique pour les pauvres Algériens ? Certes que l'histoire des innombrables fuites évaluées à 40%, dues indubitativement aux anomalies chroniques liées à la vétusté des réseaux de distribution, installations inappropriées, la stratification géographique des usagers et le manque d'entretien restent toujours d'actualité. Pour cela, on apprend que les efforts sont déployés pour y remédier, mais la réalité est invivable pour les ménages. Pour preuve, ni les programmes sectoriels, ni ceux du PCD, ni ceux de PRSE n'ont calmé les esprits des émeutiers de l'eau dans l'Algérie profonde. Dans ce contexte, outre les structures traditionnelles chargées de l'exécution de la chaîne de l'eau. Avec la création de deux organismes à caractère industriel et commercial, en l'occurrence l'ADE et l'ONA en 2001, le pouvoir politique a cru régler le problème. Néanmoins, ces deux entités vendeuses ont apparemment montré leurs limites en matière d'intervention professionnelle minée par une technologie d'exercice, sinon pourquoi penser à une gestion déléguée du réseau AEP d'Alger avec la Suez française ? Est-ce que le Cato est avorté dans sa mission ? Ajoutons à cela, bien que les missions de chaque entité soient clairement définies dans le statut juridico-politique, aujourd'hui, on assiste à une confrontation à l'ombre, une odeur de monopole et de chantage annoncera son nom à l'avenir. L'or bleu devient-il un champ de bataille à but lucratif alors que la survie humaine est intimement liée à ce rare précieux liquide ? La chaîne de l'eau est-elle embrouillée ? En conclusion, en parallèle à l'absence de l'eau potable inadmissible, s'ajoute la problématique de l'eau polluée repérable suite à la perforation des égouts à ciel ouvert à première vue dans la quasi-totalité des quartiers d'Alger, et de surcroît des des eaux usées versées dans des endroits que les citoyens trouvent du mal à emprunter. Une gymnastique. Devant cette situation insoutenabe, le citoyen est dans l'expectative et se demande sans cesse à quand un minimum de cadre de vie saint : le pain et l'eau à leur juste prix. Eau potable : peut-on garantir un minimum gratuit ? Certes l'eau est une denrée rare dans un pays semi-aride, néanmoins la garantie de la dignité humaine et la préservation de la salubrité publique incombent entièrement à l'Etat. Les catégories diminuées n'ont pas de citernes, ni une piscine, ni une voiture à laver. Elles expriment un besoin des gouttes d'eau pour épancher leur soif et faire leur toilette quotidienne. Malheureusement, le projet de loi sur l'eau qui venait d'être adopté par l'APN a ignoré complètement cette frange fragile de la société. Après avoir été débattu en plénière à l'APN et voté deux mois par la suite, le projet de loi sur l'eau aura certainement des conséquences néfastes sur les ménages algériens. Ceci s'explique par le contenu de l'article 138 sur lequel le concessionnaire, un nouveau élément dans la gestion de l'eau, pourra agir étant donné que l'Etat se désengage graduellement de la gestion de ce secteur, à l'image d'ailleurs d'autres domaines, indiquant l'éventualité de la fixation du prix par le concessionnaire. A la lecture dudit projet, aucune mesure n'indique que les ménages ont une protection sociale. Donc, ni l'APN composée des représentants du peuple, ni le gouvernement n'ont pensé à un « snmg, article 87 bis » en eau potable. Rappelons que depuis 2001, notamment avec la mise en place de deux organismes à caractère industriel et commercial, en l'occurrence l'ADE et l'ONA, les tarifs de l'eau, comme d'ailleurs ceux d'autres produits élémentaires tels le pain, le lait, le sucre... ne cessent de grimper à un rythme vertigineux au détriment des pauvres ménages à minces bourses au-dessous du SNMG décidé par la tripartite, et le bout du tunnel est encore loin. Dans ce sillage, le gouvernement peut-il garantir un minimum gratuit ? Dans l'agencement de ce projet, ni les faibles revenus ni les fonctionnaires du secteur n'avaient bénéficié d'une réduction partielle, et ce, à l'image des autres fonctionnaires des P & T et ceux de Sonelgaz. Quelle malchance d'être de l'hydraulique ! Encore une situation complexe méritant à la fois une réflexion et une dose de courage en vue de la bonne prise de décision, c'est qu'en dépit d'une pluviométrie importante enregistrée durant l'hiver précédent et des efforts déployés en matière d'équipement par le ministère des Ressources en Eau, l'eau demeure une source d'émeutes et au cœur des contestations et manifestations dans la rue. Dès que l'été pointe, les enfants sont punis, puisque les jerricans remplacent les cartables et ils partent à la recherche des gouttes d'eau pour étancher leur soif. Ce scénario est relevé en Kabylie comme en Oranie. A Alger, les coupures d'eau s'annoncent timidement à l'approche de la saison des grandes chaleurs. Que prévoit le pouvoir en place ? Un plan Orsec sera-t-il remis sur la table ? Ou bien la possibilité de transaction d'échange pétrole par l'eau tient-t-elle la route ? Dans un pays démocratique et populaire, et aspirant à un Etat de droit, cette mesure du Snmg en eau potable s'assigne à une bonne gouvernance démocratique. A ce titre, les quatre millions de pauvres Algériens garderont leur dignité et seront épargnés par les Mth, et préserveront la salubrité publique. Par exemple, cette mesure pourra toucher les foyers démunis à raison de 10m3/mois à titre gratuit. Dommage ! Au sujet des créances, le gouvernement a-t-il enquêté sur les raisons des factures impayées ? Sans doute, contrairement aux établissements publics défaillants en paiement par préméditation, les ménages ne peuvent plus payer leurs créances du fait que les factures tombent en pluie, après celle de l'électricité, du téléphone, de la location, arrive celle de l'eau sans toutefois oublier de citer le feu mis aux prix des produits de large consommation, alors que le maigre salaire reste latéralement inchangé, et de surcroît, au-dessous de la barre réglementaire officielle. Attend-on les rondes infructueuses de la tripartite ? Le sort de la survie des millions de fonctionnaires est entre les mains de l'Exécutif. Aussi, la facture comporte beaucoup plus de taxes et de surtaxes, le consommateur se perd dans sa lecture, la campagne de vulgarisation de la facture lancée par l'ADE en 2002 dans les espaces des quotidiens de la presse écrite a été un fiasco. à partir d'un simple sondage, les Algériens déclarent simplement que les prix ne sont pas à leur portée. Cette loi sur l'eau paraît tel un pas de géant dans un nouveau partenariat, mais timide dans la privatisation, elle privera certainement à long terme les ménages à faibles revenus de cette denrée obligatoire, mais elle permettra l'enrichissement des étrangers. Enfin, ce liquide qui s'offrait dans le temps généreusement à tout passant par la nature et par toute âme charitable, un geste de solidarité qu'on perd les bras croisés, il devient un produit de luxe inaccessible.