Les services de la météorologie annoncent le retour de la pluie à partir de demain. L'Algérie enregistre depuis début septembre un important déficit en précipitations qui fait craindre que le pays manque d'eau d'ici quelques mois. Cette situation accentue les risques d'une sécheresse et fait planer des menaces sur la production agricole. Selon l'Office national de météorologie (ONM), l'ensemble du pays enregistre un déficit en pluie “flagrant”. Cet organisme précise que la capitale et sa région ont connu cette année, l'automne le plus sec depuis 1981, année où une sécheresse “exceptionnelle” avait frappé l'Algérois. Les wilayas du centre du pays n'ont reçu que 63 mm de pluie entre le 1er septembre et le 20 novembre contre 125 mm habituellement. Des précipitations qui sont largement inférieures à la moyenne. Ce déficit pluviométrique est plus important dans les régions ouest du pays où seulement 29 mm ont été enregistrés durant cette même période contre 71 habituellement, selon l'ONM. Le ministère des Ressources en eau a pris, à la mi-novembre, une mesure préventive pour parer à un éventuel scénario catastrophique, échaudé sans doute par l'expérience des années 90. Le département de Abdelmalek Sellal a décidé, en effet, d'appliquer depuis une vingtaine de jours, un programme de coupures d'eau quotidiennes aux ménages et des restrictions pour l'agriculture. Selon le ministre, il s'agit d'une mesure “préventive” pour passer le cap des mois secs, de mai à novembre, après la diminution des réserves des principaux barrages, notamment ceux alimentant l'ouest du pays. Fin octobre, M. Sellal avait assuré que les réserves en eau accumulées dans les barrages et les nappes phréatiques étaient suffisantes pour faire face à une éventuelle sécheresse. Le taux de remplissage des 57 barrages du pays a atteint, à la fin octobre, 41,51% de leur capacité, contre 32% à la même période de 2005, selon M. Sellal. Pour conjurer le spectre de la sécheresse, les imams avaient effectué en vain, le 10 novembre, une prière de l'Istisqaâ (rogation pour la pluie) dans toutes les mosquées du pays, à l'appel du ministère des Affaires religieuses. Malgré la persistance du déficit pluviométrique, le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat n'exprime aucune inquiétude, assurant que l'absence de la pluie “n'affectera pas la récolte agricole de la saison prochaine”. Selon lui, les “ressources hydriques actuelles sont suffisantes” pour l'irrigation des récoltes. Mais, en dépit de l'optimisme du ministre, la menace sur les rendements agricoles semble bien réelle, à en croire des comptes-rendus de correspondants de presse. Certains affirment que les récoltes sont déjà compromises dans plusieurs régions du pays. Un confrère a cité notamment le cas de la région de Béjaïa où la production d'huile devrait ainsi tomber cette année à son niveau le plus bas depuis 2004, avec moins de 10 quintaux/ha contre 11,5 q/ha en 2005 et 29 q/ha en 2004, en raison de l'absence de précipitations. Principale terre agricole du pays, la plaine de la Mitidja risque également de souffrir du manque d'eau. La partie ouest de la Mitidja, qui accuse un important déficit en matière de mobilisation des eaux de surface, ne dispose que d'un seul barrage destiné à l'irrigation, selon des spécialistes de l'hydraulique. Mais tout n'est pas sombre : l'Office de la météorologie a apporté une lueur d'espoir aux Algériens en annonçant le retour de la pluie à partir de demain avec une baisse de la température dans l'ouest du pays et à partir de mercredi au Centre et l'Est. Selon un responsable de cet organisme, la chaleur et la faiblesse des pluies, cet automne, sont normales et cycliques dans le pays comme cela s'est produit durant l'année 1999. Rafik Benkaci.