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L'initiative nationale pour le développement du Roi du Maroc
Un royaume miné par la corruption
Publié dans El Watan le 29 - 08 - 2005

Depuis quelques semaines, le quotidien des habitants de Rabat, la capitale administrative marocaine, est constamment perturbé par des manifestations organisées par l'Association des chômeurs diplômés universitaires.
Ce mardi 23 août, malgré la violente répression qui s'était abattue sur leurs camarades, les précédentes journées, c'était au tour des handicapés, également chômeurs diplômés universitaires, d'occuper une nouvelle fois les abords du siège du Parlement pour réclamer, dans le calme, du travail. Ils sont venus des 16 régions qui englobent les quelque 2 millions d'habitants de Rabat qui s'étire entre les bras de l'oued Bouregreg et fait face à Salé-ville dont elle est limitrophe. Chacun avec un carton suspendu au cou précisant leur seule revendication, ils sont plusieurs à faire le va-et-vient sur le boulevard Mohamed V à proximité du Trésor public et à quelques centaines de mètres du palais royal. De nombreux passants n'hésitent pas à s'arrêter pour les regarder se succéder pour faire entendre leur voix rapidement couverte par le bruit des bottes des gendarmes lancés à leur poursuite. « Ce sont des universitaires au chômage. Diplômés des hautes études, tous réclament un poste de travail. Cela dure depuis des mois. A chaque fois, c'est une catégorie d'universitaires qui est dépêchée par l'association des chômeurs pour manifester. Bien que continuellement victimes de brutalités policières, ils reviennent. Contrairement aux 17% officiellement avancés par le makhzen, le taux national du chômage atteint plus de 27% dans notre pays. Les plus touchés sont malheureusement les universitaires », dira un homme, handicapé moteur, unijambiste dans le groupe de manifestants. Mais c'est à Casablanca, la tentaculaire capitale économique du royaume chérifien, que se reflète la réalité marocaine. Une réalité où se côtoient opulence de la minorité et misère de la majorité. La banlieue n'a pas pu résister à l'exode rural de dizaines de milliers de familles poussées par la famine à fuir la campagne. Villas, grossières habitations et bidonvilles se disputent le moindre mètre carré de terre. Ils sont le reflet des contradictions d'une politique sociale à deux vitesses, des ambiguïtés de la vie politique marocaine, d'un pluralisme politique balisé, d'une presse muselée et d'une jeunesse qui regarde beaucoup plus vers l'autre rive de la Méditerranée et au-delà de l'Atlantique. A Casablanca, la capitale économique, ou à Rabat, la ville administrative, les brigades antiémeutes, les policiers et les militaires sont omniprésents pour réprimer toute velléité de contestation. Le chômage avec ses corollaires, la délinquance, la prostitution et la consommation de la drogue sont le quotidien de la plupart des sujets du roi Mohammed VI. Un chômage aggravé, ces dernières années, par une croissance en butte à des difficultés, une administration et une justice en mal de réformes.
Corruption généralisée
Dans des discussions tenues en aparté, la peur du gendarme oblige, des cadres et des travailleurs du tourisme parlent des 61% d'analphabètes, particulièrement chez les femmes. Admis dans l'espace euroméditerranéen depuis 1995, pressé de mettre en place avant 2010 une zone de libre échange avec l'Europe, le Maroc n'arrive pas à juguler la corruption généralisée dans son administration. Ce dont ont profité les mouvements islamistes, notamment ceux du Mouvement populaire démocratique et constitutionnel (MPDC). Se nourrissant de la dégradation de la situation et de l'aggravation des problèmes sociaux, des groupuscules islamistes occupent de plus en plus le terrain, à savoir les mosquées. Les Marocains en parlent entre eux, tout en refusant de croire qu'ils pourraient, un jour, vivre la même situation que celle vécue par les Algériens durant les années 1990. Pourtant, tous les ingrédients d'explosion sociale sont là dans ce royaume situé à la frontières ouest de l'Algérie. « Je défile dans le calme pour réclamer du travail. Ce que les décideurs ne veulent pas admettre. Comme vous l'avez certainement remarqué, beaucoup de nos camarades sont brutalisés, d'autres interpellés. Pourtant nous n'avons rien fait qui puisse troubler l'ordre public », précise Adil, victime d'un coup de matraque à l'épaule. Bien que tombé à terre et roué de coups de pied par les policiers, il a pu se relever pour éviter un emprisonnement certain. Questionnés loin des regards inquisiteurs des policiers en civil, plusieurs de ces manifestants ont affirmé que cette situation est la résultante du bourrage des urnes de novembre 1997. Les résultats ont donné naissance à une constitution qui, selon Nabil, un de nos interlocuteurs, légitime un simulacre de monarchie constitutionnelle. Plusieurs manifestants sont des militants du Parti populaire socialiste (PPS), un parmi plus d'une quinzaine de partis politiques dirigés par des septuagénaires obnubilés par les privilèges que leur accorde, pour leur soumission, le palais royal. « Ce sont des marionnettes entre les doigts des décideurs du palais royal. Dans la majorité ou dans une prétendue opposition, ils passent leur temps à approuver toutes les décisions qui leur sont soumises. Ils n'ont jamais eu l'aval du peuple et doivent leur siège au Parlement ou à la première chambre, à l'achat des bulletins », souligne un journaliste d'une agence étrangère. Strictement limitée aux activités socioculturelles, la femme marocaine n'a pas droit au chapitre dans la vie politique du pays. Même si des amendements ont été apportés à la « moudawanna », (code de la famille en quelque sorte), la femme marocaine n'a aucune liberté. Plus de 65% sont analphabètes, particulièrement celles du Rif et de l'Atlas. Cependant, c'est dans la masse des jeunes, 70 % de la population du Maroc, que le souverain dit vouloir préparer l'avenir de son royaume. Formés pour la plupart à l'étranger, les jeunes aspirent à de nécessaires réformes, à la libéralisation de l'économie, à la liberté de la presse et à la modernisation des structures du makhzen (gouvernement). Tous soulignent l'incontournable ouverture sur l'Occident, une mise à niveau économique, le démantèlement de l'appareil policier du régime. Selon plusieurs manifestants revendiquant un poste de travail, une révolution silencieuse est en train de se mettre en branle. Elle est déjà perceptible dans le comportement de la jeunesse prise dans la tempête de la société d'émancipation dans les villes comme à Rabat et Casablanca. Hôtels, discothèques et cabarets affichent complet. Toutes les couches sociales y viennent, y compris les jeunes filles qui n'hésitent pas à fréquenter les lieux qui leur étaient interdits hier. Chez les chefs d'entreprise du secteur privé, on préfère éluder l'aspect politique pour parler d'Etat de droit, de croissance économique, d'investissements directs étrangers et des attentes populaires. Pour ce gérant d'hôtel, une de ces attentes portent sur la lutte implacable qui doit être menée contre le bakchich, la corruption, le racket, les abus des seigneurs locaux.
Misère et tube de colle
Que ce soit dans les bidonvilles, les quartiers huppés ou les résidences, les attentes de la jeunesse sont les mêmes. Un sourire narquois accueille notre question sur l'Initiative nationale pour le développement humain prévue pour entrer en application avant la fin de l'année. Dans sa première phase, cette initiative devrait cibler en priorité la mise à niveau sociale de 360 communes rurales et 250 quartiers urbains parmi les plus pauvres et les plus marginalisés. Nos jeunes interlocuteurs n'en ont cure. « Des projets du genre et bien d'autres, il y en a eu beaucoup. La corruption a fait qu'aucun n'ait réussi », indique Adelfatah N., la trentaine, affirmant vivre d'expédients. A Ben M'sik, des dizaines de gamins errent avec entre les mains un tube de colle ou un sachet collé au nez. Humer ce poison, qu'est la colle, représente pour eux la seule échappatoire pour oublier leur misère. Abandonnés par leurs parents dans l'impossibilité de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, ils vivent d'aumône, de rapines ou de la vente à la sauvette de cigarettes. L'absence de toute politique de prise en charge de cet aspect de la société marocaine est noyée dans le mal profond que vit la jeunesse de ce pays. Cette jeunesse n'a d'yeux que pour le fameux visa à destination de l'Occident. Faudrait-il encore qu'ils puissent échapper à ces écoles des arts martiaux de la banlieue de Casablanca ou disséminés un peu partout dans les bidonvilles qui jonchent la route Casa-Rabat. C'est là que les attendent des éducateurs barbus pour leur inculquer d'autres notions que celles de la civilisation, de la paix et de la démocratie. Pour ces barbus, ces écoles représentent des relais efficaces pour amener le maximum de jeunes en butte à des difficultés sociales à adhérer à leur idéologie.


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