Invité du forum d'El Djazaïr News hier à l'hôtel El Aurassi, le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, Cherif Rahmani, a remis les pendules à l'heure concernant les prérogatives et les missions imparties au département qu'il dirige depuis 2001. « Le ministère n'est pas directement chargé de la gestion de l'environnement, son rôle est d'établir des politiques de l'environnement », a précisé Cherif Rahmani, en soulignant le caractère multisectoriel de la préservation de notre capital naturel, la santé du citoyen et son cadre de vie. « Il y a des choses qui relèvent de nous et d'autres pas », a lâché le ministre. Et c'est à la mise en place de cette politique que s'attelle le ministère de l'Environnement, a encore assuré Cherif Rahmani, en énumérant les efforts législatifs, institutionnels et matériels consentis durant ces dernières années au service de l'environnement. Déplorant les pertes économiques annuelles liées à la pollution estimées entre 3,5 et 5 milliards de dollars par an, Cherif Rahmani a particulièrement insisté sur l'« impunité » dont jouissaient jusque-là les gros pollueurs. Ces derniers devront à partir de la fin 2004, ou au plus tard début 2005, payer pour la pollution qu'ils produiront. La fiscalité environnementale constitue en effet la pierre angulaire de la stratégie nationale de l'environnement, note encore le ministre, une stratégie dont les résultats ne sont pas spectaculaires, ajoute-t-il, en raison de l'énormité des dégâts occasionnés depuis des années, mais aussi « des inerties qui ne veulent pas que les choses bougent », dénonce encore Rahmani. Ce dernier avoue faire face à de multiples résistances, « une coalition d'intérêts » des autres secteurs avec lesquels il se trouve dans l'obligation de composer. Déléguer la gestion des déchets L'expérience du sachet en plastique est édifiante à ce sujet, ajoute Rahmani, dénonçant « le lobby qui a agi au niveau de l'APN pour le maintien du sachet noir ». Rahmani ne s'avoue pas vaincu pour autant et compte relancer l'opération éradication du sachet noir dès septembre. Concernant la gestion des déchets, le ministre a déploré le manque de savoir-faire et de qualification des services publics, préconisant une démarche de concession. « Il faut déléguer la gestion des déchets. La commune doit se consacrer à des tâches plus importantes de contrôle et de régulation », a estimé Cherif Rahmani. Ce dernier a avancé le chiffre de 50 centres d'enfouissement techniques en construction à travers le territoire national grâce à des financements étrangers et d'autant de schémas directeurs pour la gestion des déchets ménagers. Répondant à une question sur la pollution de Oued El Harrach, le ministre a souligné l'urgence de la construction de stations d'épuration dans les abords de l'affluent qui reçoit les déversements de 100 groupements urbains et pas moins de 130 usines. Ces dernières continuent d'ailleurs à le faire malgré les directives qui leur ont été données dans ce sens, a expliqué le ministre tout en assurant que l'entrée en vigueur de la fiscalité environnementale allait opérer un changement significatif dans ces comportements irresponsables.