Le barrage de Koudiat M'douar est un vieux projet inscrit en 1990 pour une autorisation de programme évaluée à 6 milliards de dinars par l'Agence nationale des barrages qui a confié sa réalisation à l'entreprise nationale Cosider en 1994. Les heurts politiques qu'a connus le pays depuis 1990 ont retardé la réalisation dès lors que plusieurs attaques terroristes sur le site ont obligé à une prorogation des délais. Inauguré par le président Bouteflika en 2003, la mise en eau de l'ouvrage accuse, la pluviométrie des deux dernières années aidant, un volume stocké de 30 millions de mètres cubes sur un volume prévisionnel de 62 millions. Lors de sa visite à Timgad, M. Bouteflika s'est interrogé sur l'absence des réseaux d'irrigation et d'AEP devant accompagner le projet. Il faut informer que l'étude préalable prévoyait que le projet du barrage irrigue 300 000 ha et alimente les villes d'Arris, de Barika et même la ville de Khenchela. Coup de théâtre ! Début 2005, l'Algérienne des eaux s'approprie la distribution et entame, par l'entremise de sociétés et bureaux d'études étrangers, un colossal et ambitieux projet d'adduction d'eau potable au profit des villes précitées. A cinq kilomètres de Timgad, une stèle d'inauguration du couloir d'AEP de Barika est érigée ces derniers jours pour, dit-on, que les travaux soient lancés par le président Bouteflika, en campagne pour le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale. Les citoyens de la ville de Timgad, vraisemblablement mécontents du mépris des autorités qui ne connaissent de Timgad que le fameux festival, s'insurgent. Brahim Menacer, ex-député APW et directeur d'un bureau consulting, Timgadien connu, s'interroge : « Comment peut-on programmer l'AEP de Barika à partir de Timgad sur plus de 140 km alors que le barrage de Biskra (El Outaya), à 40 km, pourrait rapidement résoudre ce problème crucial en un temps record et à moindre frais. » Il ajoutera que la ville de Timgad est actuellement déficitaire et approvisionnée à partir de forages. Il n'est même pas prévu une adduction de renforcement. Conciliant, M. Menacer justifie son avis : « Je ne suis pas contre mes concitoyens de Barika, surtout que nous sommes en période de réconciliation et nous accueillons notre président Bouteflika à qui nous demandons une prise en main du projet du barrage, moteur du développement de la wilaya et principal pourvoyeur d'emplois de jeunes, et de création de microentreprises ; cela sera un réconciliation certaine. » Par ailleurs, il faut savoir que cette adduction traverse toute la partie est de la wilaya et ne dessert aucune de ces communes. On assure dans les lieux concernés que dans l'avenir, le barrage de Timgad sera approvisionné par celui de Ben Haroun, wilaya de Mila, et satisfera et les besoins en irrigation et l'AEP. Mais cela est une tout autre histoire.
