Le MDS semble payer les frais de son opposition à la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Trois de ses militants, dont Yacine Teguia, membre du bureau national du parti, ont été interpellés, avant-hier, par la police à Alger. Yacine Teguia et deux autres militants ont été apostrophés par la police vers 18h alors qu'ils distribuaient des affichettes exprimant la position du parti de rejet du référendum du 29 septembre. C'est ce qu'a affirmé, hier, Ali Hocine, porte-parole du MDS, lors d'une conférence de presse animée au siège du parti à Alger. Les trois militants ont été traduits devant le juge d'instruction, hier matin, et mis sous contrôle judiciaire pour « atteinte à l'intérêt national ». « Ils devront se présenter tous les mercredis devant le juge d'instruction comme de vulgaires délinquants », s'est indigné Ali Hocine. C'est la cinquième fois, depuis l'entame de la campagne contre le référendum, que des militants de ce parti sont appréhendés par la police. « Mohamed Daoui, militant du MDS et membre de la fédération de Constantine, a subi le même sort. Il était malade et a été hospitalisé en urgence, ce qui n'a pas empêché l'appareil judiciaire de lui envoyer une convocation à son lit d'hôpital. D'autres citoyens ont reçu le même traitement à Tizi Ouzou », a-t-il affirmé en dénonçant l'atteinte aux libertés fondamentales, dont la liberté d'expression. Pour le porte-parole du MDS, ces agissements renseignent sur la volonté du Pouvoir de bâillonner toute expression démocratique. « Ce sont des pratiques d'un autre âge. L'accaparement des médias lourds, le verrouillage des espaces d'expression, le harcèlement et les menaces visant à obtenir la caution d'un projet qui pérennise le système rentier, bureaucratique, corrompu et corrupteur et qui consacre l'impunité de l'islamisme assassin, constituent un grave danger pour l'avenir de la démocratie », a-t-il dénoncé. Paradoxalement, souligne l'orateur, « les artisans de la tragédie nationale » s'expriment en public et en toute liberté. « Abou Djerra Soltani, dont le parti a envoyé des Algériens combattre et se former en Afghanistan pour maîtriser l'art d'égorger et de fabriquer des bombes, de l'aveu même de l'ex-chef du MSP, ou Belkhadem qui s'était mis à la solde de l'ambassade d'Iran à Alger et qui était un repaire de terroristes, ou encore Madani Mezrag, chef terroriste, sont donc, selon cette logique, plus soucieux de l'intérêt national ? », s'est-il interrogé. Selon Ali Hocine, il y a aujourd'hui une décantation et une cristallisation autour du pouvoir rentier et l'islamisme politique. « On va vers un régime dictatorial négateur des libertés fondamentales », a attesté un autre militant du MDS. Le Pouvoir, a ajouté Ali Hocine, est en train de paniquer. « La prochaine étape sera la chasse aux cadres du pays. Cela a déjà commencé au niveau des ministères et des administrations. Tous ceux qui s'opposent à l'unanimisme du Pouvoir seront écartés », a-t-il révélé. Le MDS ne compte pas arrêter sa campagne et appelle toutes les forces démocratiques et patriotiques à s'unir dans une démarche commune pour faire échouer les visées du Pouvoir.