Pour sa huitième édition, le Couscous Fest, organisé par la commune de San Vito Lo Capo (région de Trapani), l'association touristique Pro Loco de San Vito et l'agence de communication et de marketing Feedback de Palerme ont choisi de récompenser le plat national algérien. C'est la sixième fois qu'une délégation algérienne participe au concours, sans avoir réussi à récolter un prix jusque-là. Mais cette fois-ci, la présence d'un chef exceptionnel comme Sid Ali Lahlou, accompagné de Thouria Chabi, a fait la différence. Le chef de Tizi Ouzou, Sid Ali Lahlou, a réussi le défi de faire parler du couscous algérien - boudé jusque-là et auquel on a préféré les couscous tunisien et marocain -, en décrochant le très convoité prix du meilleur couscous. Nous l'avons croisé, la veille du verdict du jury, un peu irrité de ne pas trouver les cardes, inexistantes en Italie en cette période de l'année, ingrédient initialement prévu pour exécuter sa recette. Mais Sid Ali n'est pas homme à se laisser faire, il nous avait assuré qu'il allait s'inventer un autre légume à la place de celui qui fait défaut. Originaire de Frikat (Tizi Ouzou), 41 ans, Lahlou a plus d'un succès culinaire à son palmarès, puisque c'est lui qui avait préparé la Fête nationale du couscous à Frikat, en juin dernier, et avait concocté une mémorable journée de dégustation à Riadh El Feth en 2004. Lorsque le président du jury David Paolini, véritable autorité morale en gastronomie en Italie, a prononcé « Algérie », les deux artistes algériens, Lahlou et Chabi, n'ont pu retenir leur joie et leur émotion a touché tous les présents, qui les ont chaleureusement applaudis. Après avoir reçu le trophée, un magnifique plat en céramique locale, des mains du maire de San Vito, Giuseppe Peraino, Thouria a dédié le prix du meilleur couscous à la paix dans le monde, alors que Sid Ali n'a pas manqué de remercier les habitants de San Vito pour leur « formidable accueil ». Et en entendant l'hymne national, les deux heureux élus n'ont pas pu retenir leurs larmes, ce qui a fait dire à l'animatrice de la soirée, transmise en direct par la télévision locale : « Même pour le couronnement Miss Italia, on n'a pas vu autant d'émotion. » Nos deux chefs ont de quoi être fiers, puisque le Couscous Fest n'est pas une initiative à caractère exotique, mais une véritable vénération du couscous, mets que les Siciliens, qui l'ont hérité des Arabes, lors des siècles passés, affectionnent et consomment . Parmi les variétés les plus prisées, justement le fameux couscous de Trapani (chef-lieu de San Vito), préparé avec du poisson comme le veut la tradition du village, dont les pêcheurs restent la véritable âme. Une autre région italienne a adopté le couscous, devenu « casca » en dialecte local. Il s'agit de l'île sarde de Carloforte, où les Tabarkins,ont laissé moult traces culinaires. La rencontre culturelle de San Vito se veut également une véritable opération de promotion du reste de la cuisine locale et des vins siciliens. Chaque année, cette rencontre gastronomique attire des dizaines de milliers de touristes du monde entier. En 2004, le festival avait attiré plus de 100 000 visiteurs, qui ont consommé plus de 3 t de semoule, soit 20 000 portions de couscous, en moins de cinq jours.