C'est devant une assistance composée de repentis de l'ex-AIS que Madani Mezrag a animé un meeting à la salle Hamlil de Jijel pour appeler ses anciens acolytes à voter en faveur de la charte initiée par Abdelaziz Bouteflika à propos duquel il dira que « nous sommes avec lui qu'il ait raison ou tort ». Organisée par la coordination nationale des associations de soutien au programme du Président, cette rencontre réunit une partie des dirigeants de l'ex-AIS, en l'occurrence Mohamed Chelli, ex-émir de l'Est, et son adjoint Hamadi Boudjenana ainsi que Mustapha Kertali, ex-émir du Centre. Il convient de remarquer d'un côté la fiabilité des réseaux de communication de l'ex-AIS qui restent bien huilés, de l'autre l'absence totale des figures politiques de l'ex-FIS dans la région. L'entame du meeting est revenue à Ahmed Bensaïd, ancien chef d'un groupe de légitime défense dans la région de Batna et responsable d'une organisation de chouhada libres, qui étonnera plus d'un par sa sortie inattendue en s'attaquant aux janvieristes. « Ces gens qui se comptent sur les doigts d'une main et qui ont préfabriqué la crise par la décision prise en janvier 1992 », c'est-à-dire l'arrêt du processus électoral. Il s'attaquera au Président Chadli, Hamrouche, Ghozali, aux généraux et à ceux qui « étaient parmi les pyromanes alors qu'aujourd'hui ils sillonnent le pays pour louer la réconciliation ». Après une intervention de Mohamed Chelli, un nom qui avait été cité lors du procès de l'assassinat des sept Italiens du port de Djen Djen, l'ex-émir de l'AIS prendra la parole pour dénoncer « les auteurs du complot qui a mené les fils du peuple entre soldats, gendarmes, policiers, patriotes et djihadistes à s'entre-tuer ». Il précisera en ajoutant : « Nous n'avons jamais vu un des fils de ces pharaons parmi les victimes. » Il s'attaquera aussi à la classe politique qui ne « savait qu'insulter le régime qui est tout de même resté debout ». L'étendu du complot, dira Madani Mezrag, « nous a amenés à changer de vision (...) et il fallait s'asseoir ensemble pour trouver une solution ». Qualifiant son mouvement d'islamiste et de djihadiste, il dira qu'il sera « désormais avec le pouvoir qu'il soit du FLN, du RND, du Fis, de Nahda, de Hamas, et nous ne mettrons plus les bâtons dans les roues. » L'alternative pour l'ex-émir national de l'AIS est de « combattre le pouvoir par la paix, pas avec les armes, car le pouvoir changera tôt ou tard ».