La comparution quasi-régulière devant les tribunaux de dizaines d'adolescents impliqués dans des affaires de détention ou de consommation de drogue, est révélatrice à cet égard. De centaines de délinquants, rongés par le désespoir d'un avenir incertain, éjectés du cursus scolaire, vivant mal des déchirures conjugales ou se sentant marginalisés par les parents et la société, s'adonnent, au vu et au su de tous, à la consommation du kif. Le mal est aussi insidieux que terrifiant, dès lors qu'il précipite, chaque jour, de pans entiers de jeunes, dont beaucoup de mineurs, dans les abysses mortels des stupéfiants. Les cas de consommation de ce «virus» fatal, qui tue à petites doses, foisonnent essentiellement dans les localités du sud de la wilaya, avec des pics enregistrés sur l'axe Oued Athaménia-Chelghoum Laïd-Tadjenanet. Il est notoirement connu que le mal contamine, dans une très forte propension, des jeunes ne pouvant hélas plus se passer de leur dose quotidienne de kif, après avoir trempé dans les barbituriques, les psychotropes et les solvants. Mus par l'irrésistible tentation de noyer leur spleen, leur désespoir et leur incommensurable malheur, désarmés face aux torrents d'incertitudes quotidiennes, esseulés et sans prise en charge face au chômage galopant et l'exclusion sociale, de nombreux gamins perdent espoir et rallient les effectifs des adeptes de Bacchus. À travers nos propres investigations, nous sommes arrivés au constat renversant que la plupart des parents sont au courant des dérives dramatiques de leur descendance, mais sont impuissants à la remettre sur le droit chemin. Des «mista» en pleine zone urbaine Des essaims d'invétérés drogués pullulent dans les cités-dortoirs et la périphérie des grands ensembles d'habitations. Craignant d'éventuelles représailles ou des implications houleuses avec ces malandrins, les habitants se cloîtrent chez eux et font mine de ne rien connaître des ces «halakates» ponctuées d'amples libations qui se poursuivent jusqu'aux aurores au pied des immeubles. Il ne s'agit pas ici de jeter la pierre aux services de sécurité qui livrent une lutte sans merci à ces marginaux en multipliant les descentes et en réussissant des coups d'éclat en matière de lutte contre la propagation des stupéfiants et l'adduction aux drogues. À la faveur de l'épaisse obscurité dominante dans la majorité des quartiers, les accros à la «zetla» règnent en seigneurs sur ces espaces publics au détriment du droit à la sécurité et à la tranquillité des paisibles citoyens. Les exemples de ces sites ne payant pas de mine font florès. Pour l'exemple de la ville de Chelghoum Laïd, nous n'en énumérons que le bosquet situé tout au long de la zone industrielle, la cité des 1109 logements, les abords des 500 logements Cnep, les parages de l'ex-souk El Fellah, et des dizaines d'autres endroits à forte concentration de fumeurs de joints. La preuve en est donnée par la fréquence et la récurrence des descentes des services de sécurité (police et gendarmerie). Mais l'éradication du mal n'est pas pour sitôt, puisque de centaines d'adolescents irréductibles continuent à s'adonner, au péril de leur vie, aux drogues, aussi douces fussent-elles, en passant par les boissons alcoolisées et les substances psychotiques.