Le mois de Ramadhan s'étire dans la paresse et le farniente. De surcroît, lorsqu'à Mila il y est enregistré un manque proverbial d'installations de détente et de loisirs pouvant atténuer le marasme collectif. La canicule aidant, les villes et les contrées de la wilaya de Mila ne s'extirpent de leur profonde léthargie qu'après la rupture du jeûne. Une fois la prière des taraouihs accomplie, les rues grouillent de monde, et une certaine animation s'empare des villages et des agglomérations. N'ayant d'autre alternative que de se regrouper entre amis et voisins du quartier, les gens jettent leur dévolu sur les terrasses de cafés, les crémeries et les espaces publics. Les longues discussions mondaines autour d'un thé à la menthe, de boissons rafraîchissantes ou de coupes de crème, est le seul pis-aller qui s'offre aux riverains en mal de distraction et d'évasion. Même chose concernant les couples et les familles. Ces derniers prisent énormément les sorties nocturnes ponctuées de randonnées pédestres ou les visites familiales. N'ayant à leur tour aucune possibilité de divertissement, des essaims d'enfants en bas âge donnent libre cours à leurs instincts ludiques en faisant du patin à roulettes, vociférant et courant dans tous les sens. Des garnements plus audacieux ou insouciants, c'est selon, slaloment au péril de leur vie entre les voitures. D'autres encore, se déplaçant également à l'aide de trottinettes, s'accrochent dangereusement à l'arrière de camion circulant à vive allure. Notons au passage que des adolescents et des adultes s'adonnent à un vrai jeu de la mort en pratiquant avec leurs tonitruantes motos de périlleuses acrobaties dignes de Formule 1. Obscurité, drogue et noctambulisme Loin de toute implication insidieuse, il y a, avons-nous relevé, beaucoup de veille tard qui aiment passer la nuit à la bonne étoile dans leurs quartiers respectifs. Le jeu de dominos et de cartes constitue l'essentiel de leur passe-temps. Cet état de fait ne doit pas nous détourner de la propagation à grande échelle du terrible fléau des stupéfiants. Pour preuve, la consommation et le commerce de la drogue et des psychotropes ont atteint, à moins de vouloir s'en masquer la vue, des pics d'alerte dans certaines régions du sud de la wilaya. Selon nos propres constatations corroborées par des témoignages concordants, le kif traité et les barbituriques coulent à flots en ce mois de Ramadhan dans plusieurs localités, pour ne citer que Oued Athmania, Tadjenanet, Mila et Chelghoum Laïd. Au niveau des cités-dortoirs, des toxicomanes, adultes et mineurs se droguent, à l'œil nu, jusqu'aux aurores à la faveur de l'obscurité régnante. A en croire certaines affirmations, la plupart des accros au kif s'approvisionnent auprès des étals de revendeurs de tabac. Ces derniers pratiquent un véritable trafic en écoulant, de jour comme de nuit, des quantités de doses ou des plaquettes à une clientèle bien fidélisée. Il existe également de nombreux endroits interlopes dans les périphéries urbaines. Le mal est si profond qu'il appelle la mise en place de gros moyens pour, du moins, en limiter les dégâts.