Depuis le début du mois de Ramadhan, le travail des enfants s'est spectaculairement manifesté par l'envoi de ces derniers dans la rue pour vendre des dioul, de la coriandre, du persil, ainsi qu'un tas de choses. Certains enfants font carrément du porte-à-porte pour proposer aux ménages leurs produits en contre partie de quelques dinars. Sihem, appelons-la ainsi, est une petite fille de dix ans, consciente, telle un adulte, du statut social précaire de sa famille, s'est lancée depuis le début de Ramadhan dans la vente de plantes aromatiques. Elle dit faire ce travail pour aider sa famille en ce mois de Ramadhan. «Nous sommes dans le besoin. Mon père est un simple ouvrier qui n'arrive pas à subvenir au besoin de notre famille de huit personnes», affirme-t-elle. Chaque matin, cette fillette effectue une tournée auprès des mêmes femmes pour leur vendre les quantités de coriandre dont elles ont besoin. À la rue du 20 Août 1955, fermée à la circulation et transformée en un marché informel de fruits et légumes, les scènes d'enfants proposant les mêmes produits font partie du décor. Sur les trottoirs, des bambins crient de toute leur force pour vanter aux jeûneurs la qualité des dioul qu'ils vendent. À la maison, leurs mères s'affairent quotidiennement à préparer ces feuillets de Bourek, très prisés en ce mois de jeûne. Certains enfants, proposent des figues de Barabarie et d'autres fruits de saison également très consommés. Le souci d'aider leurs familles se lit sur le visage de ces gamins, à la merci d'un contexte social préoccupant. Les sans-revenu, les travailleurs du filet social, ainsi que les autres catégories de personnes au statut professionnel précaire, tout comme certains fonctionnaires faiblement rémunérés, sont les victimes de cette situation qui se répercute par l'envoi des enfants sur la route. La paupérisation des pans entiers de la société semble ne plus avoir de limite. Les corps frêles de ces vendeurs de circonstances laissent deviner le cri profond d'une détresse sociale qui n'a d'égale que l'aisance financière dont jouit le pays depuis des années.