Les parents sont unanimes, il faut au minimum douze à quinze mille dinars pour habiller décemment deux ou trois enfants et les doter de trousseaux scolaires. On ne peut pas ignorer nos traditions. Nos parents on veillé à ce que, petits, nous ayons toujours droit à des tenues neuves le jour de l'Aïd. Nous ne pouvons faire autrement», explique une jeune maman en plein débat avec son accompagnatrice devant un étal de vêtements pour enfant. Ignorer ? Non, mais contourner, si. Chaque fin de Ramadhan est un calvaire pour les parents qui depuis quelques années doivent encore débourser pour les achats des fournitures scolaires : la rentrée, c'est juste deux jours après l'Aïd El Fitr. Si la tradition, pour de nombreuses familles veut que chaque enfant a droit à de nouveaux vêtements pour la rentrée et pour l'Aïd et que la famille doit également faire les achats nécessaires pour la préparation des gâteaux, indispensables pour cette occasion ainsi que de la viande et des fruits pour les repas de l'Aïd, les pères et les mères de famille transforment leurs cerveaux en de véritables machines à calculer. Comment acheter tout ça sans trop se ruiner, ou pour certains, comment avoir le minimum de dettes ? Avoir recours à un emprunt auprès d'amis ou de proches est monnaie courante, selon les propos recueillis auprès de certains pères de famille. «Il y a toujours un ami, un frère ou un cousin qui est plus à l'aise financièrement. Depuis plusieurs années, je sollicite mon ami pour me soulager de ce fardeau, et que je rembourse quelques mois après», témoigne Farid, père de trois enfants. C'est le cas aussi de Malika qui doit sa «paix» de l'Aïd à sa sœur. Celle-ci lui procure toujours une dizaine de mille de dinars, «de quoi passer un Aïd tranquille ; j'ai ensuite plusieurs mois pour honorer ma dette, ma sœur étant travailleuse et célibataire», ajoute t-elle. Les parents sont unanimes, il faut au minimum douze à quinze mille dinars pour habiller décemment deux ou trois enfants et les doter de trousseaux scolaires, ceci sans compter les gâteaux et les repas de l'Aïd. Pour les vêtements dits de bonne qualité, ceux vendus généralement en magasin ou en grande surface, il faut compter au minimum 2000 DA pour un pantalon, 2500 DA pour les chaussures, et 1500 DA pour un body ou plus pour un chemisier pour les enfants de 4 à 8 ans. Ce sont-là les prix moyens ou les plus bas pour certains marchés comme Ali Mellah ou ceux affichés dans les magasins des rues marchandes de la capitale. La marchandise est de provenance turque, chinoise, syrienne ou locale. Mais certains vendeurs n'hésitent pas à la présenter comme venant d'Europe pour justifier une chaussure à 3000 DA, un pantalon à 2500 DA. Sous-vêtements, chaussettes, et autres ornements sont également à inclure, sans oublier le tablier et les jouets pour les tout-petits. La plupart des mamans interrogées préfèrent acheter une seule tenue pour l'Aïd et pour la rentrée. Pour les parents, habiller un enfant tout petit est plus simple, puisqu'ils choisissent en fonction de leurs moyens, mais c'est loin d'être le cas pour les plus âgés. «Allez expliquer à un enfant de 10 ans que vous ne pouvez pas lui procurer ces baskets qui ressemblent à celles du voisin, vous qui travaillez tous les jours. N'essayez surtout pas de lui expliquer qu'il pourra acheter ces chaussures plus tard, les enfants ont appris que c'est le moment de faire leur caprice ou jamais», explique, avec ironie un père de famille. Les différents marchés sont sillonnés en long, en large en quête du moins cher. Jugées plus pratiques puisqu'elles sont dotées de parkings, les grandes surfaces comme Bab Ezzouar Center et le Printemps sont prises d'assaut par les familles après le F'tour. Certains justifient ce choix par l'aspect pratique de ces surfaces : faire des achats multiples au même endroit et éviter les tracas du stationnement, d'autres n'hésitent pas à expliquer ce choix par la qualité des articles disponibles.