Les habitants de la ville de Médéa, taxés de conservateurs, ont offert cet été une nouvelle mutation à leurs familles pour agrémenter les veillées ramadhanesques. Le choix s'est porté notamment sur les terrasses des cafés afin d'y prendre des glaces ou des boissons rafraîchissantes ainsi que des balades nocturnes à travers les boulevards de la ville. Si autrefois, les soirées médéennes étaient casanières et ne se limitaient qu'à la célébration de mariages, aux visites familiales…,aujourd'hui les choses semblent être profondément changées. Les veillées ramadhanesque des grands parents ont été bousculées. Les jeunes générations ont forcé le pas pour vivre en couple autrement la vie. Ils ne veulent plus revenir au patriarcat d'une époque pour mener une vie ultra discrète à l'abri du mauvais œil du monde extérieur. En voiture, en bus ou à pied, des dizaines de familles se rendent en vagues successives en quête de fraîcheur pour s'attabler dans une pizzeria, pour déguster des glaces ou prendre, en plein air, carrément un s'hour aux brochettes. Elles ne font plus attention au regard des autres. «Après un f'tour bien bourré de graisse et de sucreries, il faut quand même bien longer le pas. Je suis venu ici avec ma femme et ma petite fille pour prendre un peu d'air et tant qu'il y a du respect et de la sécurité c'est ce qui importe le plus», s'exprime un jeune couple du centre-ville de Médéa. Les rues commencent à s'animer dès les premières heures qui suivent la rupture du jeûne. Les nuits ramadhanesques transforment cette ville en un parc de fête foraine jusqu'à l'aube. Après la prière des tarawih, les cafés affichent complet. Aucune chaise de libre. La maison de la culture «Hassan El Hassani» accueille les adeptes du chant chaâbi où des soirées sont programmées jusqu'au bout de la nuit. Médéa, n'est plus une ville déserte à la tombée de la nuit et les nouveaux centres urbains prennent une longueur d'avance en matière d'animation sur le vieux centre-ville et les quartiers le formant. Les barbecues se sont multipliés ces derniers temps à travers la ville. Ils sont en vogue, particulièrement en ce mois sacré, car ils sont prisés par une clientèle potentielle très nombreuse. Et dire qu'il y a quelques années seulement, brochettes et barbecues ne faisaient leurs apparitions que dans les deux journées de l‘Aïd El Fitr. Si les signes extérieurs de richesse qu'étale aussi ouvertement une partie de la population de Médéa sont perçus comme un indice d'amélioration de la situation socioéconomique dans toute la région, d'autres n'en voient en cela, qu'une façade bien maquillée qui cache une toute autre réalité de la population du Titteri. Au demeurant, les soirées culturelles, musicales et sportives, programmées durant la période estivale sont une réalité bien concrète d'une liberté familiale qui ont mis fin à une psychose d'insécurité qui a longtemps enfermé la société locale.