Le gouvernement français s'enlise dans sa «nouvelle politique» migratoire. La France est à nouveau accablée pour sa politique envers les Roms. Après avoir été sommée, la semaine dernière, par le Parlement européen de suspendre l'expulsion des Roms, elle se trouve cette fois-ci sur le banc des accusés du Conseil des droits de l'homme de l'Onu. Réuni hier à Genève, le Conseil des droits de l'homme a fustigé la politique française à l'égard des migrants en général et des Roms en particulier. Le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a jugé «préoccupante» la «nouvelle politique» du gouvernement français envers les Roms, qui ne peut qu'exacerber leur «stigmatisation» et leur «extrême pauvreté». Mme Pillay a, dans ce sens, «exhorté les Etats européens, dont la France, à adopter une politique permettant aux Roms de surmonter leur marginalisation». Evoquant les situations «préoccupantes dans des pays spécifiques», le Haut-commissaire a particulièrement déploré «le démantèlement» des camps de Roms en France, et jugé «extrêmement préoccupantes» les «rhétoriques souvent stéréotypées et discriminatoires» faites par des «responsables et les médias». Le Conseil des droits de l'homme de l'Onu a également critiqué la politique sécuritaire de la France qui prépare une loi élargissant la déchéance de la nationalité envers les Français issus de l'immigration qui tueraient policier ou gendarme. La déchéance de nationalité est actuellement réservée aux Français impliqués dans des opérations terroristes. Ce virage sécuritaire opéré par le président Nicolas Sarkozy a fait et continue de faire l'objet de nombreuses critiques dans les milieux humanitaires internationaux qui accusent le gouvernement français de «racisme d'Etat» et de «xénophobie». «Racisme d'état» La Commission et le Parlement européens ont également fait part de leur préoccupation. Amnesty International a, pour sa part, exhorté samedi dernier les autorités françaises à «prendre en compte l'appel de l'UE qui lui demande de mettre fin à la discrimination envers les Roms». Hier, le ministre français de l'Immigration, Eric Besson, a nié être «au courant» d'une circulaire du ministère de l'Intérieur ciblant expressément l'évacuation des campements des Roms. En août dernier, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (CERD) avait vertement critiqué la France pour sa politique migratoire, dénonçant le renvoi collectif des Roms. Mais le gouvernement français rejette en bloc ces critiques qu'il qualifie d'«infondées». Son représentant au sein du Conseil des droits de l'homme, Jean-Baptiste Mattei, a nié l'existence de «problème Rom». «Jamais les autorités françaises n'ont stigmatisé des personnes appartenant à une minorité en fonction de leurs origines», a-t-il indiqué. «Nous sommes convaincus qu'une politique volontariste doit être menée afin de promouvoir l'intégration sociale et économique des Roms», a encore assuré l'ambassadeur français. Il a expliqué que les mesures prises par la France «s'inscrivent strictement dans le respect des lois de la République française et de la législation européenne». Ce qui est loin d'être convaincant pour les organisations de défense des droits de l'homme qui demandent à la France de suspendre les expulsions collectives des Roms.