L'artisanat targui trouve dans les coopératives, à l'instar d'Assaghène de Tamanrasset, de quoi perpétuer une culture millénaire. Implantée au quartier Assorro «lamaalmine», un repère de l'âme culturelle de la ville de Tamanrasset, Assaghène s'est imposée au fil du temps grâce à la persévérance et la passion de cinq familles. Celles-ci se sont constituées en coopérative artisanale spécialisée dans la fabrication de bijoux targuis, d'outils domestiques en bois et dans les travaux de cuir. Dans des ateliers de fortune, à l'aide d'outils traditionnels, de jeunes artisans, tous issus de la même famille, s'attellent à la tâche, pour honorer des commandes de bijoux targuis. Tout en continuant son travail sur une bague d'argent, en s'efforçant de sculpter le motif exigé dans la commande, M'riouet Mohamed, 29 ans, explique les secrets de cette activité. «Cette coopérative dont l'appellation targuie Assaghène veut dire ‘‘liens'' fait travailler plus de 40 personnes ayant hérité leur savoir-faire d'unetradition familiale. Les M'riouet, Benabdellah, Bidari, Fayçal et Dakhouche ont fédéré leurs efforts pour bâtir cette coopérative artisanale qui possède, désormais, une renommée nationale et même internationale. Nous avons participé à plusieurs expositions aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France et au Portugal.» Centre d'artisanat Ce jeune diplômé en sport ne s'est pas retrouvé par hasard dans cet atelier, lui, dont les mains ont commencé à manipuler l'argent dès l'âge de 13 ans. Juste à côté de lui, son jeune frère, technicien en informatique, s'attelle, à son tour à donner une forme à un bout de métal en argent qu'il vient juste de tirer du charbon. «Durant mes heures perdues, je viens ici pour m'occuper», affirme ce jeune artisan qui possède, déjà, la même maîtrise de son frère. C'est aussi le cas du jeune Nassereddine Benabdellah, journaliste à la radio locale de Tamanrasset. Il n'a pas pu tourner le dos à ce métier qu'il a appris dès son jeune âge au sein de sa famille, au point d'occuper son temps libre dans cet atelier vétuste. Nassereddine qui est aussi membre de la Chambre d'artisanat de Tamanrasset trouve l'originalité de ce travail dans l'atmosphère qui règne à l'intérieur de l'atelier. C'est dans ce cadre qu'il a plaidé pour la création d'un centre d'artisanat à Tamanrasset, avec la participation des artisans locaux, afin de transmettre ce métier aux nouvelles générations. L'oncle de Nassereddine, Benabdellah Mohamed, à la tête de la coopérative depuis vingt ans, explique qu'en plus des motifs traditionnels targuis, à l'instar de la Tirot (lettre), Dranda (le carré), Khoumaïssa ou la croix du Sud, très prisée par les touristes, les artisans tentent d'introduire des motifs importés d'autres régions, comme les motifs des bijoux kabyles, tout en les enveloppant du cachet traditionnel propre à la région. Plus de 300 artisans continuent, en dépit des maigres saisons touristiques de ces dernières années, à conserver une partie de la mémoire targuie.