Ceux qui ont déjà pris l'avion pour la Syrie ou la Turquie ont certainement été surpris de constater que l'écrasante majorité des passagers était des passeurs de valises faisant commerce illicite de marchandises bas de gamme et souvent contrefaites achetées dans les marchés spécialisés de Damas ou d'Istanbul. Outre les dommages que ces fort nombreux trabendistes font subir à l'économie en dopant le marché informel, le préjudice causé à l'Algérie par le comportement inqualifiable de certains d'entre eux est encore plus dramatique. Dans l'avion de la compagnie Syrian Airlines qui nous ramenait de Damas, les trabendistes (pour la plupart des femmes d'âge mûr) tenaient à tout prix à faire rentrer de lourdes valises impossibles à caser dans les porte- bagages de l'avion. C'est à coups d'insultes et de scènes d'hystérie qu'elles ont tenté d'imposer leur volonté à un équipage tenu de respecter la législation régissant le transport aérien de voyageurs. Ce n'est qu'au terme d'épuisantes tractations qui ont beaucoup retardé le décollage de l'avion que ces dernières ont enfin consenti à mettre leurs volumineux cabas dans la soute à bagages. En plein vol, bon nombre de ces dernières refusaient d'obtempérer aux consignes de sécurité données par les hôtesses (rester assises, attacher sa ceinture, éteindre les téléphones portables, etc.). Au décollage comme à l'atterrissage, bon nombre d'entre elles étaient debout à discuter en dépit des rappels à l'ordre des stewards qui, de guerre lasse, ont fini par abandonner. A la sortie, l'avion était repoussant de saleté tant les places qu'elles avaient occupées étaient jonchées de détritus et de plats renversés. La ligne Istanbul-Alger n'est pas mieux lotie avec de surcroît des scènes désolantes qui commencent à l'aérogare d'Istanbul. Des passeurs algériens dont le rôle consiste à faciliter le transit des valises en partance pour Alger sont en poste permanent à proximité du guichet d'enregistrement. Ils vous solliciteront souvent grossièrement pour prendre en charge la valise d'un trabendiste faisant partie de leur réseau, mais plus souvent encore, c'est sur les agents chargés de l'enregistrement qu'ils exercent des pressions musclées. Nous avons assisté jeudi dernier au guichet d'enregistrement de la Turkish Airline, à une prise de bec entre un de ces trabendistes et un agent d'enregistrement qui avait refusé de prendre en charge un important excédent de bagages. Les insultes et grossièretés du terroir proférées à haute voie à l'adresse de l'employé turc n'étaient pas faites pour redorer le blason des Algériens, qui n'ont pourtant rien à voir avec cet énergumène. Les Turcs qui n'ont affaire avec l'Algérie qu'à travers ces délinquants ont fini par avoir une opinion plutôt négative des Algériens. Il est urgent de mettre fin à ces filières qui n'apportent rien de bon à l'Algérie et qui de surcroît portent un coup fatal à son prestige.