De nouveau, le football algérien est entré, depuis quelques semaines, dans une zone de fortes turbulences qui risque, cette fois-ci, de l'anéantir. La FIFA vient en effet de saisir la FAF et les autorités sportives du pays leur enjoignant de retirer du décret 05-405 relatif à la loi 04-10 les articles qui se mettent en contradiction avec ses propres statuts. C'est en somme une succession logique d'événements dans la mesure où, depuis l'avènement de Yahia Guidoum à la place du 1er Mai, un vent d'autoritarisme et d'aventurisme souffle sur le sport national. Ne tendant l'oreille qu'à d‘hypothétiques proches conseillers fraîchement débarqués ou carrément dépassés, éloignés des choses du terrain, le ministre s'est apparemment enfermé dans une logique de conflit avec ses partenaires, brandissant à chaque occasion le même leitmotiv : « Le Président (Bouteflika) m'a chargé de nettoyer les lieux. » Au lieu et place d'une politique sportive hardie, réaliste, qui prend en compte la réalité complexe du sport algérien, le premier responsable du secteur s'adonne à satiété à son... sport favori, à savoir un verbe creux déconnecté de la réalité, sans fil conducteur ni idée porteuse de progrès, ouverte sur l'avenir. Alors que toutes les conditions objectives de l'échec sont réunies, il promet de rétablir la situation dans des délais rapprochés. Cette affirmation dénote clairement sa profonde méconnaissance de la situation. Pousser des cadres vers la sortie, marginaliser les plus compétents, fermer des stades et des sièges de structures d'animation et d'organisation, jeter l'opprobre sur des dirigeants sont des actes improductifs à terme. Lancé dans son œuvre de caporalisation, le ministre semble décidé à aller jusqu'au bout de sa logique, dangereuse pour la santé déjà fragile du sport algérien. Aucun des segments de ce dernier ne trouvera son compte avec cette politique. La première épreuve sérieuse que va subir Yahia Guidoum est sans conteste la menace de suspension de la FAF par la FIFA. C'est là une menace réelle et qui risque de tomber à tout moment. Si elle se produit, quel profil adoptera-t-il vis-à-vis de sa hiérarchie et des millions d'Algériens branchés sur le sport et nourris ces derniers mois par un discours détaché de la réalité ? La crise du football remonte, exactement, au désengagement des pouvoirs publics au début des années 1990, lorsque les clubs ont été extirpés du contexte, les entreprises nationales qui les géraient assez convenablement pour les « offrir » à la rue et par voie de conséquence à la déstabilisation, à la politique du résultat à tout prix, au clientélisme, aux passe-droits et bien d'autres effets pervers.