Dans son édition du 22 septembre, le Canard enchaîné, hebdomadaire français, a fait part d'un article sur l'existence d'un centre d'écoute secret à Tamanrasset. L'information a été déjà démentie, par le passé, par des sources officielles algériennes qui ont fait part aux Américains de leur refus "de toute implantation militaire sur le sol national". Dans son édition du 22 septembre dernier, le Canard enchaîné a fait part d'une information sur l'existence d'une base militaire américaine secrète en Algérie. A Tamanrasset, précise-t-il. La publication française donne même le nombre de militaires américains qui y opèrent. 400 militaires spécialisés dans les télécommunications, indique-t-il, avant d'ajouter que cette base servirait à mettre toute la région du Sahel sur écoute. L'information laisse dire au journal satirique que c'est pour cette raison que les Français ont sollicité l'aide des Etats-Unis qui pourrait leur être d'un important apport dans la recherche des otages enlevés par AQMI. Mais quel crédit donner à l'information du Canard enchaîné ? En réalité, l'existence d'une base américaine en Algérie n'a rien d'un scoop, l'information revient régulièrement, ces dernières années, dans la presse française et quelques forums intéressés. Sauf que les autorités algériennes l'ont toujours nié, même si la coopération sécuritaire entre les deux pays, l'Algérie et les Etats-Unis, n'est un secret pour personne. Beaucoup de responsables algériens se sont exprimés sur le sujet. Le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, Ramdane Laâmamra, avait déclaré, il y a quelques mois à la presse, que « l'expérience algérienne dans le domaine de la lutte antiterroriste est réclamée par les autres et non l'inverse». L'ancien ambassadeur d'Algérie à l'ONU avait coupé court à toute présence étrangère dans le pays en affirmant : «Il n'y a pas de forces américaines ou d'une tout autre nationalité en Algérie.» L'ancien chef de la diplomatie algérienne, Mohamed Bedjaoui, avait lui aussi dit que «l'Algérie n'acceptera pas l'installation d'une base étrangère sur son sol quel que soit le pays qui le lui demanderait». L'information a donc été démentie par les autorités algériennes, mais aussi par les Américains eux-mêmes. Le 6 octobre 2007, c'est le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui réitérera, à Alger, le refus de l'Algérie à l'implantation de bases militaires étrangères sur son sol. Pour lui, «la souveraineté de l'Algérie est non négociable et il n'est pas question aujourd'hui d'ouvrir la voie à la création de bases militaires étrangères en Algérie». «Il ne s'agit pas de déposer les bases » là où il y a le terrorisme, avait ajouté Mourad Medelci. Pour sa part, le patron de l'Africom, le général William Yard, avait effectué une visite à Alger en novembre 2009 où il a été reçu par le président Bouteflika. Rien ne filtrera, certes, de cette entrevue, même si d'autres responsables US conforteront la position algérienne. «Je suis très sensible et je respecte la position algérienne refusant toute présence militaire sur son sol. Mais l'Africom n'a pas l'intention d'avoir une base militaire en Algérie», avait, en effet, rassuré l'un d'eux. Ainsi, la création d'une base militaire américaine à Tamanrasset et d'une quelconque présence sont niées par les deux parties qui, il faut bien le souligner, ont de tout temps soutenu que leur coopération militaire dans la lutte contre le terrorisme est étroite. Vu le niveau atteint par la coopération sécuritaire entre les deux Etats, l'information donnée par l'hebdomadaire français pourrait donc être vraie ? Il est un fait indéniable que le journal français ne se contente pas de souligner le niveau de cette coopération, mais il semble même en avoir trouvé le prétexte pour glisser d'autres informations aussi graves les unes que les autres, à savoir «la mise sur écoute de toute la région du Sahel, voire même des services de sécurité algériens par 400 militaires américains spécialisés en télécommunications, basés à Tamanrasset». Rien que ça. Car aussi invraisemblable que puisse paraître une telle information, il est surtout à se demander quel serait l'intérêt de publier un tel article après l'enlèvement des 5 Français au Niger par Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) ? L'information intervient, faut-il le souligner, dans un contexte marqué par une crise dans les relations algéro-françaises entre autres concernant l'approche du traitement de l'activité terroriste dans la région du Sahel. Les actions des partenaires des pays de la région impliqués dans la lutte contre AQMI ont toujours charrié des soupçons d'ingérence.