Grande mobilisation, hier, dans les alentours du quartier populaire Oued Ettolba à la sortie ouest de la ville de Tiaret Dès les premières heures de la journée, près de 300 policiers ont bouclé la cité pour entreprendre la démolition de 19 des 54 baraques érigées illicitement après que les pouvoirs publics locaux et le comité du quartier eurent recensé les habitations toutes aussi de fortune construites dans les années 1990. Un no man's land devenu une planche de salut pour les SDF ainsi que ceux et celles que la vie a fait basculer dans la déchéance. La jeune veuve Bahidja et ses deux jumelles auxquelles nous avions rendu visite précédemment figurent parmi les délogés. Elle est venue construire une baraque avec les 10 millions de centimes versés au titre du capital décès de son époux décédé dans un tragique accident. L'opération, en dépit de son relatif succès, n'a pas été de tout repos pour les agents de la Sûreté nationale. Si pour les premières baraques, les engins, employés et policiers n'avaient pas eu beaucoup de peine à les défoncer au milieu des pleurs et lamentations, celle des Benyoub a donné des sueurs froides à tout le monde, y compris le voisinage. L'un des fils aînés a fait monter, sur le toit de la chaumière, une bouteille de gaz butane et a fait asseoir à ses côtés son vieux père menaçant quiconque de s'approcher. Scénario non prévu par le commissaire de police. Ce dernier prévoyait de neutraliser le jeune agité une fois les autres baraques démolies à l'aide d'un «tazer». Soudain, pendant que les engins progressaient dans les dédales de ce bidonville, Djilali, armé d'une épée, allume la bouteille tout en s'agitant et en hurlant. Un craquement et Djilali se retrouve englouti à l'intérieur. Les policiers accourent pour défoncer les murs de briques. Ils finiront ainsi, après une harassante lutte, à extirper l'homme ensanglanté de l'intérieur de la masure. Il sera évacué vers l'hôpital avec certains policiers blessés. 36 autres baraques seront prochainement détruites,7 autres l'ont été mercredi dernier à la cité Zaâroura. Cet habitat était implanté à l'intérieur même d'un vaste chantier de réalisation de 1000 logements entrant dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire. Au total, les autorités administratives auraient recensé plus de 7000 habitations précaires dans la wilaya. Le 10e se trouve au chef-lieu et donc concerné par le relogement.