Après l'éclatement du scandale de la BNA et l'annonce par la presse nationale d'un détournement de fonds de 15 milliards de dinars, une première réaction officielle est venue hier du ministre des Finances, Mourad Medelci. Invité à s'exprimer sur cette affaire à l'émission radiophonique « El Mountada » de la Chaîne I, Mourad Medelci a qualifié l'affaire de « regrettable » et a annoncé qu'en collaboration avec la justice, « une série de mesures a été prise au niveau de la banque et du ministère des Finances pour comprendre ce qui s'est réellement passé ». Et d'ajouter qu'« une commission d'enquête, composée d'Algériens et d'étrangers, se penche actuellement sur l'affaire ». Selon le ministre, un tel scandale n'aurait pu se produire si le système électronique des paiements de masse, dont l'entrée en vigueur est prévue en 2006, existait déjà. Il est à rappeler à ce propos que six personnes sont actuellement sous mandat de dépôt et que, dans le cadre de l'enquête que conduit la brigade économique et financière de la Sûreté de la wilaya d'Alger, l'audition d'une vingtaine de personnes a été menée vendredi dernier par un magistrat instructeur près le tribunal de Sidi M'hamed à Alger. Le grand argentier du pays a eu à s'exprimer, par ailleurs, sur les dernières déclarations des experts du FMI faites il y a quelques jours à Alger au sujet des augmentations des salaires. Tout en précisant que le dossier des salaires ne relève nullement des prérogatives du FMI, M. Medelci a affirmé que les négociations autour de cette question ne se font qu'avec le syndicat et les différents patronats algériens. « La concertation avec les parties concernées est en cours et le FMI n'a aucune influence sur ce dossier. Nous ne sommes plus en 1994, mais je pense que le FMI peut toujours contribuer à nous éclairer sur certaines questions », a indiqué le ministre. Il dira, cependant, que la remarque des experts de la délégation faite sur ce point était une évidence, en ce sens que « l'augmentation des salaires engendrera, pour le moment, une augmentation du taux d'inflation ». Le ministre des Finances est revenu ensuite sur la problématique du prix référentiel de 19 dollars le baril sur lequel le projet de loi de finances a été élaboré en tentant d'expliquer qu'en réalité, en termes de dépenses, le budget de 2006 est élaboré sur la base d'un prix de référence de 43 dollars. Il dira, de plus, que le prix référentiel ne peut pas changer d'une année à une autre sans raison valable, d'autant que le budget alloué au plan quinquennal de soutien à la relance économique a été fixé sur la base de 19 dollars le baril de pétrole. A la question de savoir à quelle utilisation les grandes sommes d'argent accumulées par le Fonds de régulation des recettes sont-elles destinées, le ministre des Finances a indiqué que le fonds disposait, au 30 septembre dernier, de 18 milliards de dollars qui « serviront à payer, par anticipation, notre dette envers certains pays et certaines institutions financières », mais aussi à « se protéger contre les fluctuations des prix du pétrole ». L'embellie financière que connaît le pays depuis quelques années est mise à profit, selon le ministre, « pour le financement des grands projets d'utilité publique ».