L'assemblée ne délibère plus depuis des mois déjà et on se contente de « gérer » les « affaires courantes ». L'assemblée composée de 7 élus est scindée en deux : quatre élus font opposition au P/APC, Kamel Zanaz , élu sur la liste du MNJA et deux autres le soutiennent. Ce qui a engendré une situation de blocage qui perdure depuis novembre 2003 et qui devrait porter Si Mustapha sur la liste des communes concernées par les élections partielles du 24 novembre. La situation de blocage s'est installée au lendemain de l'assassinat du P/APC Hamid Hirèche, élu FLN. Ses détracteurs disent aujourd'hui « ne pas comprendre comment un élu du MNJA se trouve être le premier responsable de la commune, alors que les autres formations politiques étaient mieux représentées : le FLN avec deux sièges, le FFS 2 et le RND 2 ». « Logiquement c'est l'autre élu du FLN qui devait succéder à M. Hirèche, ou alors tous les élus devaient se réunir pour élire un président d'APC. Mais personnellement, je ne sais pas comment a-t-on désigné M. Zanaz à la tête de l'exécutif », nous a dit Ali Boudhar Foudil, élu FFS à l'APC. Mais M. Zanaz avance une autre version : « A l'époque aucun des élus n'a voulu être à la tête de l'APC par peur des terroristes. Et c'est tout naturellement que j'ai été élu dans le respect total de la procédure », a-t-il avancé. S'expliquant sur la situation de blocage qui paralyse sa commune, l'actuel P/APC, auquel les 4 élus (2 FFS, 1 FLN et 1 RND) ont retiré leur confiance, dira que « c'est pour des considérations d'intérêts personnels ». « Au début ils ont tous accepté de travailler avec moi, mais dès que je me suis attelé à former l'exécutif, les oppositions ont commencé. Tous ont voulu être des vice-présidents. Et par la suite, tous ont voulu bénéficier de privilèges », a-t-il insisté. Mais les opposants au P/APC, eux, avancent l'intérêt de la collectivité, et de la population en général pour justifier leur refus de travailler avec M. Zanaz. Ils parlent de « gestion en solitaire » et de « manque de transparence dans l'octroi des marchés ». Il y a en outre « l'autoritarisme du P/APC », notent-ils. Au début de l'année 2004, déjà, les contestataires ont écrit aux autorités (daïra et wilaya) faisant état de « gestion anarchique ». Au cours du 1er semestre de l'année en cours, ils n'auront eu de cesse de saisir les responsables « à tous les niveaux ». En vain. « Nous exigeons une enquête sur la gestion des affaires de la commune, et nous sommes prêts à démissionner si nous avons tort », ajoute Ali Boudhar Fodil. Dans leurs correspondances au chef de daïra et au wali, les élus réfractaires parlent d'« anarchie totale », au sujet de la gestion de l'APC. Dans une correspondance datant du 16 avril dernier, les 4 élus réitèrent leur retrait de confiance au P/APC, leur décision d'arrêter de travailler avec lui et exigent son départ. La tentative de réconcilier les deux parties a échoué et les élus ne se réuniront plus à partir du 24 janvier 2005 pour parler de leurs différends. Déçus, les citoyens de Si Mustapha disent « en vouloir à l'Etat qui a laissé perdurer le pourrissement ». « Pourtant les pouvoirs publics pouvaient bien voir où il y a blocage ». Les élus qui s'opposent au P/APC rappellent que « meurtrie par le terrorisme et sérieusement ébranlée par le séisme du 21 mai 2003, la commune de Si Mustapha doit désormais être à l'abri des catastrophes, y compris celle de la gestion ». Dans une correspondance adressée à toutes les autorités signée par MM. Kidouche, (vice-président du P/APC), Ali Boudhar Fodil, Bilal Mokhtar (V.P/APC), et Merrah, révèlent que « les soumissions du 6 mars dernier pour un projet de réfection de l'éclairage public de la commune renseignent sur tous les dépassements que se permet le P/APC ». En Effet, « l'entreprise choisie par la commission d'étude des propositions (RIMEC) a été écartée et dessaisie du marché le 4 juillet. Un autre appel d'offres a été lancé le 5 septembre dernier pour que trois frères postulent pour le marché qui reviendra à l'un d'eux, ce qui est plus que douteux », écrivent-ils. Mais le P/APC répond que « rien n'empêche, à ma connaissance, des frères chefs d'entreprise, à soumissionner pour un projet », et que « tout s'est fait dans la transparence. » Dans tous les cas, une APC bloquée une année après son installation ne peut être qu'une entrave au développement de la commune. La question n'est plus « qui a tort et qui a raison ? », mais « pourquoi les pouvoirs publics laissent-ils perdurer de pareilles situations au détriment de l'intérêt général ? » Dans ce cas précis, ce sont bien entendu les problèmes qui s'accumulent pour les 11 000 habitants de cette commune aux faibles ressources, issue du découpage administratif de 1984. Les routes dégradées, le logement, le chômage, les réseaux d'assainissement et d'AEP, le mouvement sportif et associatif sont autant de chantiers qui attendent une assemblée sereine et responsable pour améliorer un tant soit peu le quotidien des habitants. Avec quatre écoles primaire seulement et un CEM, Si Mustapha manque d'infrastructures scolaires, apprend-t-on auprès des élus. « Si Mustapha a pourtant toutes les possibilités pour se développer », soutient-on. Le P/APC, lui-même, M. Zanaz, qui dit « faire le maximum, dans les limites qu'impose la loi, pour le bien de la commune », cite les problèmes de routes dégradées, de l'assainissement, du village agricole notamment, et du gaz naturel. Il parlera aussi du manque de logements. « Mais avec les chalets qui seront libérés après le relogement des sinistrés et les multiples programmes d'aide au logement, il nous sera possible de satisfaire un grand nombre de quelque 800 demandes d'aides déposées à l'APC ». Se voulant rassurant, M. Zanaz se dit « prêt à travailler avec tout le monde », et déclare qu'il ne démissionnera jamais. « Sans vouloir polémiquer », a-t-il conclu.