Le forum sur l'industrie pharmaceutique, premier du genre, organisé hier en marge des troisièmes Journées de pharmacie hospitalière, intervient à un moment de forte ébullition qui caractérise le secteur, qui baigne dans un climat d'incertitude et de non-visibilité. Les déclarations des responsables officiels concernant le développement et la floraison de cette industrie se multiplient alors que les concernés, les opérateurs en pharmacie, semblent être loin de toute décision. D'ailleurs, ils ne cessent de déplorer le manque de concertation et tous les blocages administratifs et bureaucratiques dans l'enregistrement de nouveaux médicaments, la signature des programmes et autres procédures. Ce qui freine obligatoirement le développement de cette industrie pour laquelle les pouvoirs publics promettent l'essor et atteindre l'objectif de couvrir 70% d'ici 2014. «Ce que la production nationale peut effectivement réaliser, mais à condition que les dispositions réglementaires soient revues et corrigées», ont estimé les membres de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP) lors de ce premier forum sur l'industrie pharmaceutique organisé par le conseil national de l'Ordre des pharmaciens sous le parrainage des ministères de l'Industrie et de la Promotion des investissements et celui de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. «Toutes les mesures prises par le gouvernement, durant ces trois dernières années, vont dans le sens de la protection et l'encouragement de la production nationale. Mais les obstacles administratifs restent toujours de vigueur. Ce qui constitue un véritable blocage pour le développement de la production nationale.» L'UNOP propose ainsi une nouvelle vision pour donner un nouveau souffle à cette industrie pharmaceutique. Il s'agit en premier lieu, selon Nabil Mellah, porte-parole de l'UNOP, de revoir «le statut d'importateur de médicament» pour être remplacé par le laboratoire pharmaceutique fabricant. D'autre part, l'UNOP demande à réviser les modalités d'enregistrement des médicaments, notamment les prix en dinar. Ce qui permettra une meilleure stabilité des prix. «Les décisions d'enregistrement des multinationales en devises étrangères ont conduit à une prise en charge des pertes de change par les entreprises algériennes. Ce qui a aussi conduit à une multiplicité des prix d'un même produit et une difficulté pour le ministère du Travail et de la Sécurité sociale de fixer les tarifs de référence en raison de la fluctuation des prix des produits importés», a-t-il expliqué. Le vice-président du conseil national de l'Ordre des pharmaciens, M. Benbahmed, a réaffirmé le soutien total de son organisme au développement de l'industrie pharmaceutique locale. «Nous sommes contre tout soutien de façade orchestré par des groupes d'intérêt favorisant uniquement le volet financier», a-t-il dit en appelant au renforcement de la formation technique pour les pharmaciens dans le domaine de l'industrie pharmaceutique. Pour lui, toutes les perturbations que connaît le marché du médicament relèvent d'une crise de croissance. Il est aujourd'hui, selon lui, urgent de mettre en place des mécanismes de régulation à travers l'Agence nationale du médicament, notamment. Le vice-président de l'Ordre des pharmaciens, M. Touafek, a, quant à lui, rappelé la réglementation pharmaceutique en Algérie.