La guerre des clans qui éclabousse le sommet de la pyramide du vieux parti n'étonne pas beaucoup de militants des Hauts-Plateaux sétifiens. Certains s'attendaient à de tels remous depuis quelque temps. «La dissidence du temps de Ali Benflis a non seulement affaibli le parti, mais donné un grand coup de massue à sa cohésion. Cette période, que nous considérons comme l'une des plus sombres, a permis à une nouvelle vague de militants, n'ayant rien à voir avec les valeurs et la ligne du FLN, d'émerger au niveau des assemblées élues. Le parachutage de ces arrivistes, imposés par la direction centrale qui a tourné le dos aux choix de la base, se répercute actuellement sur le fonctionnement du parti, faisant désormais les frais des décisions antidémocratiques. Cette approche a accentué le fossé entre le sommet et la base qui ne fait qu'appliquer les décisions d'en haut», expliquent plusieurs militants. Alors que d'autres incriminent la vieille garde : «La perte de sièges au niveau du bureau politique indispose la vieille nomenklatura qui a fait main basse sur les centres de décisions du parti des années durant. Ne voulant pas se rendre à l'évidence que le temps est venu pour remettre le témoin, ces caciques se préparent, à travers une telle agitation, à l'après-Bouteflika. Les militants de la base ne sont pas dupes, ils ne vont pas composer avec des gens dépassés par le temps et les événements.» Profitant de l'opportunité, des FLNistes de la première heure pointent carrément du doigt Salah Goudjil supposé être l'un des représentants de la wilaya de Sétif à l'APN. «Imposé de force dans la liste des candidats à la députation, Salah Goudjil, qui ne se préoccupe guère des affaires de Sétif, où on ne le voit jamais, est mal placé pour disserter sur le fonctionnement démocratique du parti. Ce dernier, qui n'a rien dit quand il était membre de la direction, vient maintenant nous claironner de vieux tubes. Il a raté une occasion de quitter la scène en beauté. Nous ne disons pas cela pour délivrer un quitus à l'actuelle direction, n'étant pas exempte de tout reproche. Le fonctionnement vertical du parti qui refuse la contradiction et l'avis de l'autre a ouvert la voie à tous les dépassements et dérives. Il ne faut pas avoir peur des mots, le FLN qui renie ses enfants a perdu son authenticité», estiment les anciens, qui n'ont pas omis de préciser que le renouvellement des structures des 50 kasmas sur les 60 que compte la wilaya s'est déroulé dans de bonnes conditions.