Le livre Ma vie à contre-Coran de Djamila Benhabib a déjà commencé à susciter la polémique. La vente- dédicace organisée, hier après-midi, à la librairie des Beaux-Arts à Alger, a connu un grand afflux des lecteurs. Attirés par le thème, les lecteurs qui ont la possibilité de lire quelques extraits sur le net, témoignent du courage de cette femme. Djohar Amhis-Ouksel, auteur de nombreux ouvrages et d'articles littéraires, trouve cet ouvrage édité par la maison Koukou intéressant : «C'est un ouvrage bien construit. Il montre la violence que nous avions subie. Il nous a fait vivre les dures périodes.» Cette enseignante met en garde contre l'amalgame que peut provoquer le titre de cette œuvre. «Le titre interpelle. Mais il ne faut pas se tromper, c'est pour la défense de l'Islam tolérant. C'est un cri d'alarme contre les intégristes», explique-t-elle. Ce titre était, effectivement, l'objet de la critique d'une journaliste présente à cette séance consacrée à la vente-dédicace. Sans connaître le contenu de cette œuvre, cette journaliste a estimé que le titre révélait un rejet pour le Coran. Une brève polémique l'a d'ailleurs opposée à l'auteure, qu'elle a même interrogée sur sa croyance. Question à laquelle Djamila Benhabib a refusé de répondre. Cette dernière est revenue, par contre, sur les raisons qui l'ont poussée à l'écriture de ce témoignage : «J'ai quitté l'Algérie en 1994. J'ai laissé la menace islamiste. Mais au Canada, on est confrontés différemment à ce danger. On est confrontés à de petites demandes d'ordre religieux. Ces requêtes s'inscrivent dans un projet de société défendu par les islamistes.» Dans cette petite pièce exiguë de la librairie des Beaux-Arts, la vente- dédicace se transforme en débat. Les nombreux lecteurs qui attendent leur tour s'impatientent. L'intervention de Mokrane Aït-Larbi, l'éditeur de cet ouvrage, a enfin mis fin à ce débat inopiné : «On est dans une période qui appelle à la réflexion et au débat. Et le discours que tient Djamila Benhabib a sa place dans le débat.» Le livre sera distribué à partir de la semaine prochaine. Selon son éditeur, l'ouvrage peut constituer le catalyseur d'un débat : «J'ai découvert l'ouvrage sur le net à travers la polémique qu'il a suscitée et à travers le discours de haine dédié à l'ouvrage et à l'auteur.»