Rares étaient les députés qui ont relevé hier, lors du débat autour de la déclaration de politique générale, le paradoxe entre l'autosatisfaction des autorités et la réalité du terrain. Par contre, ils étaient nombreux ceux qui ont applaudi le travail réalisé par l'Exécutif, tout en axant leur intervention sur les problèmes que rencontre la population de leur wilaya d'origine. Pour M. Khaldi du FNA, le discours du Premier ministre ne reflète nullement les réalités que vivent, au quotidien, les Algériens. «Nous avons des universitaires qui sont au chômage. Ils sont devenus des harraga. La corruption fait des ravages, le banditisme a atteint un stade de non-retour et notre système judiciaire a de beaux jours devant lui», s'est exclamé cet élu, qui déplore le refus des ministres de répondre à leurs préoccupations : «Nous avons saisi des ministres sur plusieurs questions, ils n'ont pas daigné nous répondre.» M. Bouchareb du MPND a exhorté les responsables au niveau des collectivités locales d'être constamment à l'écoute des citoyens pour connaître leurs préoccupations et veiller à la transparence dans les opérations de distribution de logements et d'octroi de postes d'emploi. «Si les citoyens recourent à la manifestation et aux grèves, c'est que les portes du dialogue sont fermées. En hissant le drapeau français, les jeunes de Sidi Salem voulaient transmettre un message aux autorités. Leur situation n'a pas changé depuis l'avènement du colonialisme», soutient M. Bouchareb, qui estime que les walis ne sont pas à l'écoute des citoyens et ne respectent nullement les instructions du Premier ministre. Sur le volet sécuritaire, les députés ont reconnu la défaite du terrorisme, mais ont regretté la montée du banditisme et de la violence urbaine. Dans ce sens, ils ont demandé au gouvernement de mettre en place une véritable stratégie de lutte contre ces fléaux sociaux, notamment en ce qui concerne la criminalité sous toutes ses formes. Cette stratégie, dont l'élaboration doit être confiée à des spécialistes en la matière, devrait aboutir, selon les intervenants, à des solutions efficaces à même de faire face à ce genre de crimes «qui nuisent à notre société» et «menacent la sécurité des citoyens». Des élus ont interpellé le gouvernement sur la propagation de ces fléaux sociaux, estimant que la criminalité «a pris des proportions alarmantes» dans certaines régions du pays, citant particulièrement le cas de la wilaya de Annaba qui est classée première en la matière. De ce fait, les députés ont fait remarquer que les textes juridiques ne suffisent pas, à eux seuls, à endiguer ces maux sociaux ; il faut éliminer les causes. Concernant la question économique, les députés, pour leur majorité, ont estimé que l'Algérie ne peut plus continuer d'avoir une économie basée essentiellement sur les exportations d'hydrocarbures en raison de l'instabilité que connaît le marché international du pétrole. Les députés, notamment ceux du RND, ont souligné «la nécessité de prévoir des sanctions strictes contre ceux qui dépouillent les caisses de l'Etat», ajoutant qu'«il est temps d'instaurer une lutte sans merci contre la corruption». Les élus de différentes tendances politiques ont, par ailleurs, déploré la situation du secteur de la santé, appelant l'Etat à le réhabiliter. Les observations formulées dans ce contexte concernent notamment «les ruptures de stocks de médicaments, la rareté des vaccins pour enfants et la défaillance dans la prise en charge des cancéreux». Concernant la promulgation d'une loi incriminant le colonialisme, certains députés ont estimé que «la réponse à la loi française glorifiant le colonialisme ne peut se faire que par une telle loi». M. Djafel, du FLN, a proposé la création d'un conseil supérieur pour la mémoire de la nation qui sera «un instrument de riposte aux partisans du colonialisme» et «œuvrera, sans cesse, à exiger de la France coloniale une reconnaissance de tous les crimes qu'elle a commis contre le peuple algérien». L'accent a été mis également sur la nécessité d'œuvrer à l'élimination de toutes les formes de bureaucratie qui «entravent l'accès au financement des projets et empêchent leur concrétisation en faveur des jeunes».