Le rôle des services techniques et le choix des entrepreneurs ont été souvent mis en cause par les citoyens. Le siège de la municipalité de Béni Amrane est, depuis quelques semaines déjà, soumis à une forte tension. Et pour cause. Les populations vivant dans les régions rurales y viennent crier leur colère contre les élus locaux les accusant d'être les premiers responsables de la dégradation du cadre de vie et de l'absence de commodités dans leurs localités. Si les comités de village ont pu maîtriser la situation en organisant des manifestations pacifiques, allant des rassemblements aux sit-in, en passant par des rencontres avec les élus locaux, celles-ci, par contre, se sont radicalisées pour arriver à la fermeture de l'hôtel de ville. Il y a même eu un cas d'agression déplorable contre la personne du 1er vice président de l'APC. Les derniers à avoir envahi les locaux de la mairie sont les habitants de Boukarai. Il faut presque une demi heure de route pour parcourir les 4 kilomètres qui séparent le village du chef-lieu communal en raison de la détérioration de la route. Jeudi passé, les habitants sont venus réclamer la réalisation d'un réseau d'assainissement. Les fosses septiques qu'il utilisent jusqu'ici se sont révélées catastrophiques : elles coûtent cher et elles polluent les sources d'eau. Menaouer, un habitant du village, nous dira que le projet du réseau d'assainissement a été inscrit dans le plan de développement de la commune et il a reçu l'aval des autorités. «La population doit aujourd'hui arracher des projets et veiller à leur réalisation,» ajoute-t-il. Il citera aussi quelques exemples de projets qui ont pris une éternité pour se réaliser, à l'instar de celui de la réalisation d'un CEM à Oued Djnane, prés de Boukarai, qui, après plus de dix ans, n'est pas encore complètement achevé, ou celui du même projet a Cherfa qui n'a même pas été entamé. Les manifestants parlent d'un milliard de centimes qui a été déjà débloqué comme une première tranche pour la réalisation de ce projet. A l'instar des habitants de Boukarai, ceux d'Ait Bouchlaghem, un village sis à la limite avec la commune des Issers, ont aussi manifesté devant le siège de l'APC. Cette visite a pris des allures d'une descente punitive car elle s'est soldée par l'agression du 1er vice président. Ils se plaignent de l'état de la route du village. De nombreux citoyens continuent de venir, à titre individuel, à la mairie pour exprimer leur mécontentement face aux lacunes constatées. Ils se plaignent de l'absence d'eau, l'exclusion de FONAL et du PPDRI, la destruction des oliveraies par les incendies, le manque de logement. M. Adjout, le président d'APC de Béni Amrane, a parlé, au début de son mandat du programme de développement dans le cadre du plan quinquennal soumis à l'approbation des autorités. «C'est difficile de satisfaire dans un temps réduit toutes les revendications de 32 villages où vit une importante masse de la population, très éloignée, et dont le nombre avoisine les 30 000 habitants», nous a-t-il confié. Si les citoyens de la commune de Béni Amrane, même les plus récalcitrants d'entre eux, ont salué le discours franc de l'édile de la ville, ils n'ont, en revanche, jamais accepté les excuses avancées par les mêmes responsables quant à la lenteur des travaux de réalisation de certains projets et l'abandon de beaucoup d'autres. Le service technique et le choix des entrepreneurs ont été souvent montrés du doigt par les habitants.