Ah ! Il y a quand même un changement dans notre miroir télévisuel. Plutôt un nouveau look puisque le décor du plateau du JT de vingt heures a subi un petit toilettage qui lui procure une ambiance relativement plus agréable et plus avenante avec ses couleurs pastel et un arrière- fond moins agressif. On se sent un peu plus moderne dans ce studio où le présentateur (ou la présentatrice) vedette donne l'impression d'être plus à l'aise, même si la caméra le place désormais légèrement en retrait par rapport au plan initial. On a donc fait, à l'occasion de l'anniversaire du 1er Novembre ( la date n'est certainement pas fortuite), un effort pour améliorer le design du JT qui, soit dit en passant nécessite encore un agencement plus dynamique dans la mesure où, en conservant l'ancien pupitre, les concepteurs semblent avoir fait les choses à moitié. Cela dit, que valent ces modifications lorsque le contenu ne suit pas ? Si le fond ne s'adapte pas à la forme, autant avouer que notre télé pourrait porter tous les habits de lumière qu'elle veut, elle n'aura aucune chance d'améliorer sa crédibilité si l'essentiel n'est pas assuré. Et l'important ici, on ne cesse de le répéter, n'est pas de mettre une couche de vernis ou d'astiquer une glace qui ne reflète pas la réalité renvoyée par les multiples problèmes de société, mais bien de se mettre à l'écoute de celle-ci en garantissant une information objective et sereine. Plus facile à dire qu'à faire quand on a quarante ans de dogme derrière soi, et de surcroît quand on a une liberté d'action réduite à zéro ? Sûrement… mais les espoirs d'un vrai changement de cap ne méritent pas d'être évoqués s'ils ne provenaient pas du ministre de la Communication en personne qui semble s'intéresser particulièrement au sort de l'Unique, avec probablement pour mission de la libérer de ses pesanteurs politiques et bureaucratiques. Que dit le ministre ? Que l'objectif de la télé nationale est de parler de nous-mêmes, de nos pulsions et de nos espoirs. Le message est en principe on ne peut plus clair. Il le devient encore plus lorsqu'il ajoute : «Il s'agit de produire des émissions sur les problèmes des Algériens par les Algériens eux-mêmes». Alors se pose la question de savoir si ces problèmes que rencontrent les Algériens sont les mêmes auxquels fait allusion le premier responsable du secteur. Si c'est le cas, il y a comme un hiatus de voir le petit écran continuer à fonctionner selon les schémas éculés alors qu'il a reçu le feu vert de l'autorité de tutelle pour passer à une forme d'expression plus engagée et plus conforme aux attentes du public. Que vaut dans ce cas la parole du ministre si elle n'est pas suivie immédiatement d'application ? C'est, pensent les observateurs, par pur euphémisme que Nacer Mehal déclare à celui qui veut l'entendre que la télé est en train, depuis peu, de faire du bon boulot, car au fond il doit savoir qu'entre le travail professionnel qui est exigé de la télé algérienne pour redorer son blason et le triste produit qu'elle offre à ses téléspectateurs, avec la persistance d'une censure érigée en ligne de conduite, il y a une marge qui impose une réflexion plus mesurée. Bien que la perspective soit positive sur le plan de la restructuration de l'Unique, avec la constitution, vraisemblablement l'année prochaine,d'un groupe audiovisuel qui chapeauterait les cinq chaînes existantes et celles à venir comme la chaîne sportive tout en leur assurant leur autonomie dans la programmation, la vraie réflexion qui pourra ouvrir des horizons plus enchanteurs ne peut se détacher du débat politique. Tout l'enjeu de la bataille à mener tourne autour de cette volonté politique que doit avoir le Pouvoir central pour remettre la télé nationale dans ses prérogatives d'information et de communication. Effectivement, l'Algérie dispose d'immenses potentialités journalistiques, artistiques et techniques pour mettre sur pied une télévision digne de son audience internationale. Oui, l'Algérie a les moyens matériels et humains pour disposer d'une télé capable de rayonner au niveau de son espace géographique et géopolitique. Oui, l'Algérie d'aujourd'hui est prête, sans trop subir de dégâts, à affronter progressivement le choc de l'ouverture du champ audiovisuel, contrairement aux propos frileux et calculateurs de certains dirigeants, mais à la condition de sortir des sarcasmes de la pensée unique et de se propulser dans les impératifs des temps modernes. Dans le monde arabe, l'Algérie est peut-être le seul pays à pouvoir libérer l'expression de ses médias lourds. Pourquoi donc retarder indéfiniment l'échéance ?...