- L'Office va-t-il verser des ristournes sur la base de la plus-value qu'il aura engrangée, comme il l'a laissé entendre mi-juillet lors de sa rencontre avec les représentants de la filière viticole ? Si oui, cherche-t-il à reconquérir localement sa place de leader ? Nous réfléchissons à la manière de consolider la politique d'appui à la production mise en œuvre en vue d'assister les agriculteurs dans l'amélioration de la productivité de leur vignoble. Lors de ces dernières campagnes, nous avons développé la mise en place de programmes de contractualisation des récoltes assortie d'avances en numéraires déductibles à la livraison des productions de raisin. Nous avons également offert des prix d'achat attractifs. Cette politique de fidélisation des viticulteurs peut être prolongée à travers des formules de partenariat avec une plus grande implication de l'entreprise. - Sa place de premier partenaire des viticulteurs, l'ONCV ne l'a-t-il pas perdue uniquement à cause de la concurrence qui a réussi à se faire louer par la coopérative viticole toutes ses caves opérationnelles, quitte à les laisser fermées ? Nous estimons que les mesures mises en œuvre, conjuguées à la crédibilité de l'entreprise dans le paiement des récoltes, se sont traduites par des résultats globalement positifs. C'est ainsi qu'à Témouchent, les quantités collectées sont passées de 20 000 q en 2008 à 49 000 q en 2009 et à 64 000 q en 2010. Il en est de même pour Mascara où la collecte a atteint 33 000 q. - A la mi-juillet, en proposant un partenariat aux viticulteurs, vous avez affirmé que le financement existe. Pourquoi alors ne pas l'avoir utilisé pour une remise à niveau de la cave de Kéroulis qui est aussi conséquente que celles que vous avez à Mascara et à Mostaganem ? L'entreprise a pu faire face à la concurrence en ouvrant ses propres caves et en assistant les viticulteurs dans le transport. C'est ainsi qu'à Aïn Témouchent, l'entreprise s'est installée durablement en réhabilitant sa propre cave sise à Kéroulis et en ouvrant des centres de collecte dans les principales zones de production. Nous avons également vinifié au niveau de la cave de Kéroulis les productions de la zone d'El Amria située à proximité. En ce qui concerne la cave de Kéroulis, sa mise à niveau technologique intégrale est envisagée d'une manière graduelle. - La volonté d'arracher le maximum des vendanges a fait que celles-ci ont été maltraitées, ce qui n'est pas sans conséquence sur la qualité des vins. Pourquoi n'avoir pas loué des camions frigorifiques ou acquis des égrappoirs-fouloirs, un vieux projet de l'ONCV ? Le recours aux camions frigorifiques pour le transport des raisins peut se justifier pour les grandes distances. Au-delà du coût élevé, ce type de transport nécessite l'utilisation des caisses qui va ralentir la cadence des vendanges. Cette formule ne va pas receuillir l'adhésion des viticulteurs. - De même, vos lies et marcs qui constituent un danger pour l'environnement ne sont plus distillés pour l'en protéger d'une part et en extraire de l'alcool d'autre part... Les lies et les marcs constituent effectivement un danger, car ils constituent des foyers de contamination des vins sains. L'arrêt depuis 2002 de la distillerie de Hassi El Ghella, caractérisée par sa vétusté avancée, n'a pas permis leur distillation. Nous avons commencé à régler ce problème sous forme de partenariat en passant un contrat avec un organisme spécialisé qui dispose d'installations adéquates. - Allez-vous concrétiser le projet de diversification des activités de l'Office vers le raisin de table, le raisin sec et autres produits, comme annoncé en juillet à Témouchent ? Le métier de base de l'ONCV reste la production et la commercialisation de vins. Nous comptons toutefois initier des projets de production de raisins secs dans le cadre d'une approche filière parce qu'il existe justement une demande qui n'est pas satisfaite par la production nationale. - Ne convient-il pas de maintenir l'Office dans le seul créneau du vin où il y a tant à faire au profit d'une viniculture algérienne performante ? Le Maroc et la Tunisie, inexistants sur ce créneau auparavant, nous ont dépassé au point que le label Sidi Brahim, bien algérien, a été récupéré par l'un d'eux... La vitiviniculture algérienne a vécu des crises qui ont conduit à des arrachages massifs et anarchiques, entraînant un déséquilibre de la structure de l'encépagement. De plus, les caves, propriété des coopératives, n'ont pas connu les adaptations technologiques requises, tout cela s'est répercuté sur la qualité. Au cours de ces dernières années, nous avons pu y remédier en introduisant les cépages améliorateurs et en opérant la mise à niveau technologique de trois grandes caves (Mascara, Mostaganem et Bourkika). La qualité de nos vins s'est sensiblement améliorée et nous sommes en train de la faire connaître à travers notre participation aux différentes manifestations spécialisées. Quant à la marque Sidi Brahim, elle appartient à un négociant français qui dispose d'un grand réseau de distribution à l'international et de ses propres vignobles au Maroc.