La grande distribution en Algérie est une nouvelle forme commerciale dont l'impact sur les petits commerces, appelés aussi commerces de proximité, n'est pas encore connu. Conséquence de la mondialisation et d'une ouverture économique de plus en plus apparente, l'arrivée de grandes marques internationales et nationales sur le marché algérien ne semble pas inquiéter outre mesure ces petits commerces. Leur activité, devant s'inscrire dans un cadre légale, ces grands distributeurs contribueront au contraire, nous dit-on, à lutter contre la concurrence déloyale et la propagation du commerce informel. Pour l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), l'entrée sur le marché nationale de grands noms nationaux ou même étrangers spécialisés dans la grande distribution ne pose pas à priori de problème, en ce sens que, affirme M. Benabid, conseiller à l'UGCAA "l'économie de marché impose une ouverture sur toute forme de pratique commerciale s'inscrivant dans le cadre des lois régissant le secteur". Selon lui, la seule chose que les commerçants n'admettent pas, c'est la concurrence déloyale et le commerce anarchique. "Du moment qu'il ne s'agit pas de commerce informel et de pratiques illicites, l'ouverture de ces grandes surfaces commerciales et la venue des grands distributeurs européens ou autres ne gêne en rien", avoue le même responsable pour qui, dans de pareil cas "l'intérêt du consommateur prime sur toute autre considération", en ce sens qu'il s'agit de combler un besoin de plus en plus exprimé par une certaine catégorie de consommateurs qui préfère s'approvisionner hebdomadairement, voire mensuellement dans de grandes surfaces disposant de toute sorte de marchandise et à des prix concurrentiels. A ce propos, à la question de savoir si l'atout des bas prix sur lequel les grands distributeurs fondent leur tactique commerciale ne nuit pas aux commerçants de proximité, le Conseiller de l'UGCAA pense qu'au contraire, les petits commerçants s'en sortiront bien malgré une éventuelle casse des prix. Il en veut pour preuve le pouvoir d'achat des Algériens qui n'est toujours pas assez conséquent et qui fera en sorte que cette tradition de "s'approvisionner chez le commerçant du coin par facilité de paiement demeurera intact. Ce qui ne saurait être possible dans les grandes surfaces commerciales". profit partagé Installé depuis une trentaine d'années à la rue Larbi Ben M'hidi, l'une des rues les plus commerçante d'Alger, le propriétaire du magasin de prêt-à-porter "El Kahina" doit s'habituer désormais au voisinage d'une grande surface commerciale appelée "Promy plus", ouverte il y a quelques semaines par l'entreprise Blanky. Ne se sentant nullement menacé par une quelconque concurrence, bien que réelle, le propriétaire d'"El Kahina" prend la chose avec pragmatisme et préfère parler plutôt des aspects positifs qu'entraîne la présence de ce nouveau grand concurrent. Selon lui, la venue de "Promy plus" "a redynamisé l'activité commerciale" dans ce quartier frappé d'une certaine léthargie depuis quelques temps. "Contrairement aux appréhensions de certains commerçants, "Promy plus" n'est pas le seul à tirer profit du grand nombre de clients attirés désormais par cette animation commerciale". Notre commerçant nous dira par ailleurs que les magasins de proximité entretiennent toujours des relations presque affectives avec leurs clients. Fidélisés et attirés par un accueil "personnalisé et plus chaleureux que ce qu'on trouve dans les grandes surfaces", ces derniers, nous dit notre interlocuteur, "n'oseraient pas abandonner leurs anciennes habitudes parce que un hypermarché est venu s'installer dans le coin". Ceci étant, le risque zéro d'une "faillite" induite par la concurrence de ses magasins de grande distribution, n'existe pas. "Ce type de nouveaux commerces joue sur la marge bénéficiaire en tablant sur la quantité, tandis que les petits commerces n'ont pas cette possibilité", explique le même commerçant. De l'autre côté de la rue, chez "First Lady", une boutique de vêtement pour femme, le langage ne diffère pas et le ton est à l'optimisme. "Les petits commerces de proximité et la grande distribution ne sont pas en concurrence sur le même segments de marché. Chacun travaille en fonction des besoins différents des consommateurs", estime le jeune propriétaire du "First Lady" et d'ajouter que le petit commerçant devrait aujourd'hui améliorer ses compétences pour faire face à cette nouvelle donne de l'économie de marché et répondre ainsi aux demandes particulières de ses clients, seul atout à même d'empêcher les grands distributeurs d'étouffer le commerce de proximité.