Affaire Cnan : 16 morts et toujours pas de coupable Dans la nuit du 13 au 14 novembre 2004, la veille de l'Aïd El Fitr. Alger est secoué par une terrible tempête. Au port d'Alger, le navire le Béchar est en rade et émet, à 16h, un appel de détresse qui restera sans suite. A 23h30, il sombre avec seize des dix-huit membres de l'équipage. Ce n'est que neuf heures après la première alerte, à 1h30 du matin, qu'une demande d'aide est faite aux autorités espagnoles. Un hélicoptère des garde-côtes espagnols mettra deux heures pour arriver sur les lieux du drame, mais il est déjà trop tard. Il n'y avait plus personne à secourir. Très vite, les véritables responsables du drame sont épargnés et l'enquête se focalise sur les cadres de la Compagnie nationale algérienne de navigation. Ali Koudil, le PDG, et cinq cadres de l'entreprise seront condamnés à quinze de prison. Ils purgeront six ans, avant que la Cour suprême ne décide de casser le jugement pour que l'affaire soit rejugée. Au cours de ce second procès, le procureur requiert la perpétuité pour le PDG et quatre cadres et deux ans de prison ferme pour l'ex-expert maritime. Finalement, tous les accusés seront acquittés par le tribunal criminel près la cour d'Alger. Affaire EGT-Centre : un mort et des acquittements Tout a débuté lorsque des détournements de fonds publics et des passations de marchés douteuses ont été constatés à l'EGT-Centre qui chapeaute une dizaine d'unités, comprenant des hôtels, des stations thermales, des villages touristiques…, réparties sur l'ensemble du centre du pays. Le PDG et six cadres, le directeur financier, le président de comité de participations et plusieurs autres responsables sont alors accusés de s'en être mis plein les poches et seront inculpés sous l'accusation de passation frauduleuse de marchés, dilapidation de deniers publics et non-respect du code des marchés publics. Ils seront condamnés à deux années de prison ferme à partir d'un dossier qui se révélera vide lors de l'appel introduit par les accusés. Les cadres et les fournisseurs seront blanchis de toutes les accusations portées contre eux en première instance et sortiront libres du tribunal, sauf le PDG, Senni Salah Eddine, qui, la veille de son acquittement, décédera en laissant trois enfants. Il n'a pas pu supporter les accusations portées contre lui. Benyoucef Mellouk, le chasseur de faux moudjahidines traqué L'affaire Benyoucef Mellouk restera sans doute à jamais dans les annales de l'acharnement des poursuites judiciaires qu'a connu l'Algérie. En 1992, avec la venue du président Mohamed Boudiaf, Benyoucef Mellouk, ex-fonctionnaire au service des affaires sociales et du contentieux du ministère de la Justice publie les résultats d'une enquête menée sur les magistrats faussaires dans les colonnes de l'Hebdo libéré – un journal qui a disparu –. Mais ces révélations s'avèreront plus tard «préjudiciables» à certaines personnalités à l'instar des deux anciens ministres de l'Intérieur, Mostefa Mohammedi, et des Moudjahidine, Mohamed Djeghaba qui le poursuivent en justice depuis 1998 pour «diffamation». Pire encore «le cousin de Abdelaziz Bouteflika et le frère de l'ancien président Ali Kafi sont également cités sur cette liste noire», selon Mellouk, ce qui explique que le président, au départ favorable à la gestion de ce dossier, s'en est écarté. En 1999, Mellouk fut condamné à trois années de prison avec sursis après avoir été emprisonné en 1992 à El Harrach avec le journaliste Abderrahmane Mahmoudi qui a rendu publique cette affaire, et en 1999, il est incarcéré à Serkadji. Benyoucef Mellouk a fait l'objet de quatre arrestations en 1992, en 1997, en 1999 et en 2007. En mars 2010, le quatrième procès de ce long périple judiciaire a abouti à une condamnation à quatre mois fermes. Aujourd'hui, le dossier de cette affaire se trouve à la Cour suprême pour révision, pendant que Benyoucef Mellouk, âgé de 68 ans, continue de subir les affres de ce qu'il appelle la«mafia politico judiciaire».