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«Le problème sécuritaire n'affecte pas les exportations vers le Sahel» Khaled Begar. Conseiller en exportation, manager d'Elyte Expo
Publié dans El Watan le 03 - 01 - 2011


En absence de transport maritime direct, de démantèlement tarifaire, entre l'Algérie et les autres pays d'Afrique, le marché africain est demandeur de produits algériens en tout genre avec une rentabilité plus effective si les opérations d'exportation se multipliaient et la situation sécuritaire dans les pays du Sahel ne constituait pas un obstacle réel aux exportations algériennes vers ces pays par voie terrestre, résume dans cet entretien Khaled Begar, conseiller en exportations et manager d'Elyte Expo. -Qu'avez-vous à dire sur les exportations algériennes vers les pays africains ? Les exportations algériennes vers les pays africains devraient constituer, à mon sens, l'exutoire le plus naturel que les opérateurs économiques algériens se doivent d'exploiter et de privilégier avec certes beaucoup de prudence, mais également beaucoup d'opiniâtreté voire de persévérance. Le Niger, le Mali, le Cameroun, le Sénégal, le Burkina-Faso, mais également la Mauritanie devraient être les destinations d'excellence pour toutes les exportations en produits manufacturés, biens d'équipement, biens de service et autres produits agricoles.II est fait le plus souvent appel au transport maritime bien que les délais de mer soient relativement assez longs, mais peu coûteux par rapport à celui effectué par voie terrestre pour des produits agroalimentaires, y compris les boissons et jus de fruits qui, jusqu'à présent, ont constitué l'essentiel des exportations, celles vers le Niger s'étant faites fréquemment par voie terrestre. D'autres articles «made in Algeria» continuent également de trouver acquéreurs dans cette région sahélienne tels que les produits cosmétiques, les détergents et produits d'entretien, les produits électriques, les tissus, soierie et autres produits d'aménagement. S'agissant des conditions de paiement, l'ensemble de ces transactions serait fait en conformité avec la loi algérienne sur le contrôle des changes et la loi sur la monnaie et le crédit. Dans tous les cas, celles initiées par mes soins ont toutes fait l'objet d'ouverture de lettres de crédit irrévocables et confirmées par une banque de premier ordre au profit des exportateurs algériens concernés. -Quels sont les problèmes réels qui se posent en matière d'exportation vers les pays africains ? Il n'y a pas de problèmes majeurs en Algérie qui méritent d'être signalés et auxquels pourraient être confrontés les quelques opérateurs qui ont eu ou qui continuent à effectuer des exportations à destination des régions d'Afrique si ce n'est certaines lenteurs administratives ponctuelles ou conjoncturelles ou alors l'exigence des autorités portuaires pour l'enlèvement et le retour du ou des conteneurs durant les délais d'accostage du navire transporteur, ces derniers pouvant être très courts. -Peut-on dire que les exportations vers ces pays d'Afrique sont rentables ? La rentabilité de ce type de transaction ne peut être réelle ou effective qu'à partir du moment ou elle devient répétitive ou pérenne d'où le terme «revolving». Toutefois, une première opération commerciale de ce genre est beaucoup plus destinée à une pénétration effective du marché ciblé, dans tous les cas, elle ne saurait se faire à perte. Je n'en veux pour exemple que les quantités importantes avec plus de quinze mille tonnes par an en produits dérivés des produits céréaliers qui ont pu être exportées au cours de ces dernières années (pâtes et biscuits). -En absence de conventions avec les organisations communautaires en Afrique, les exportations algériennes sont soumises aux droits de douanes. Est ce que cela ne constitue pas un frein aux exportations algériennes sur le continent? L'Algérie ne bénéficie malheureusement d'aucune mesure avantageuse en matière de droits de douanes au niveau de l'ensemble des pays de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouestafricaine) ou encore de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest). Bien que cela ne constitue pas forcément un frein aux exportations algériennes vers l'Afrique, il n'en demeure pas moins que les négociations avec nos autres partenaires africains restent difficiles dans des pays où la protection douanière est instituée pour une production locale quasi inexistante et où la qualité n'est pas le critère prépondérant compte tenu d'un pouvoir d'achat encore très faible. -Lors du séminaire géographique sur le Niger, il a été dit que la majorité des exportations vers les pays d'Afrique, notamment ceux du Sahel, se font dans l'informel. Est-ce le cas et quelle est l'ampleur de l'informel dans la région ? Il n'est pas permis de parler d'exportations dans l'informel à partir de l'Algérie. Ce qui a été évoqué par d'autres intervenants lors du séminaire auquel vous faites référence concerne d'autres pays frontaliers avec le Niger tels que le Nigeria ou encore le Bénin. Le reste peut s'apparenter à des fuites aux frontières décriées depuis longtemps par les pouvoirs publics et faisant l'objet, que je sache, d'une surveillance drastique par les services compétents de notre pays. Par conséquent, je ne peux aujourd'hui m'autoriser à avancer des chiffres qui relèveraient de la pure fantaisie sinon de l'irréel. -Pour exporter vers les pays africains, les marchandises transitent par des ports européens. Cela engage des frais supplémentaires. Quel est ce manque à gagner en valeur si les opérations d'export se font directement? Une exportation (par voie maritime) vers un pays africain ne se fait pas préalablement et volontairement en direction d'un port européen. Les transporteurs ou compagnies maritimes affrétées par les exportateurs algériens étant essentiellement ou exclusivement étrangers - la CNAN n'assure aucune desserte sur ces destinations - procèdent dans tous les cas à un transbordement des marchandises transportées, au niveau d'un port européen ou même quelquefois dans d'autres ports de la communauté maghrébine. Cette disposition est d'ailleurs reprise et énoncée lors de l'ouverture de la lettre de crédit où il doit être fait mention «Transbordement autorisé». Le coût du fret maritime inclut cette manœuvre et il est compris dans le prix du produit rendu, d'où l'incoterm C&F ou CIF. En fait, si les opérations d'export se faisaient directement, nos prix seraient beaucoup plus compétitifs et nos produits beaucoup plus attractifs. Tout le monde y gagnerait puisque les délais d'acheminement deviendraient dès lors nettement plus courts. -L'Algérie pourrait-elle constituer un fournisseur alternatif face à l'Europe et les pays asiatiques ? Les pays du Sahel, de l'Afrique de l'Ouest d'une manière particulière et même de l'Afrique centrale semblent réduire progressivement leurs importations à partir d'Europe pour ne garder que l'essentiel. Ils s'orientent néanmoins vers des continents à partir desquels les offres qui leur sont faites semblent être beaucoup plus avantageuses même si bien souvent cela se fait au détriment de la qualité. Il a été prouvé que le produit algérien peut rivaliser en termes de rapport qualité/prix avec n'importe quel autre produit européen notamment pour les produits de large consommation. Dans ce cas oui, l'Algérie peut déjà constituer une alternative au marché européen ou même asiatique et les statistiques se chiffreraient alors en milliards de dollars annuellement. -Les investissements algériens dans les autres pays d'Afrique pourraient-ils constituer un palliatif aux exportations algériennes vers ces pays ? La délocalisation partielle d'une entreprise algérienne capable d'être assimilée à un investissement dans d'autres pays africains pourrait être considéré non pas comme un palliatif mais comme une opportunité d'une forme de partenariat différente et inédite et dont le retour constituerait un apport de devises non négligeable. La transformation «in situ» de matières premières nécessaires à certaines industries algériennes de transformation semble déjà être envisagée par quelques investisseurs algériens. La Banque d'Algérie gagnerait à en définir les mécanismes. -La situation sécuritaire dans les pays du Sahel pose-t-elle effectivement des problèmes aux exportations algériennes vers ces pays ? Il n'a pas été relevé de problèmes particuliers au plan sécuritaire dans ces différents pays où beaucoup d'Algériens se rendent fréquemment. Les nombreuses exportations faites par voie terrestre sont toutes arrivées à destination dans les meilleures conditions possibles. -Qu'importe l'Algérie des pays africains ? L'Algérie continue d'importer du café, des arachides, de la graine de sésame pour ne citer que les principaux produits.

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