Le Brésil souhaite donner de la vigueur au mémorandum d'entente sur la coopération signé avec l'Algérie en février 2005. C'est l'un des objectifs de la visite, à Alger, à partir d'aujourd'hui, de Luiz Fernando Furlan, ministre d'Etat, du Développement, de l'Industrie et du Commerce extérieur, et de Rondeau Cavalcante Silva, ministre des Mines et de l'Energie. Les deux ministres, selon des sources proches du gouvernement brésilien, seront accompagnés d'une forte délégation d'hommes d'affaires. Un forum regroupera demain les opérateurs économiques des deux pays à l'hôtel El Aurassi. On estime, de part et d'autre, qu'il existe des opportunités d'investissement à saisir. D'autant plus qu'en termes de valeur, les échanges commerciaux se sont développés à un rythme soutenu depuis 2001. Presque 6% des exportations algériennes vont vers le Brésil. En 2004, le Brésil a acheté l'équivalent de 1,9 milliard de dollars en tous produits. L'Algérie est le deuxième fournisseur de pétrole du Brésil avec 24,6 % du total des importations en hydrocarbures en 2004 et est le deuxième fournisseur, après l'Argentine, en produits pétrochimiques. En hausse, les exportations brésiliennes, durant les dix premiers mois de 2005, ont atteint les 340 millions de dollars. Selon les mêmes sources, la hausse modeste des exportations est liée à une baisse des ventes du blé et de tubes en acier. Actuellement, le pays connaît un petite crise de production céréalière. Le Brésil, qui est un exportateur de blé tendre, consacre à peu près 4% des surfaces agricoles à la culture céréalière. Le Brésil est la 10e puissance économique du monde. Les riches activités agricoles font la réputation de ce pays émergent qui est le premier exportateur mondial de sucre, de café, de jus d'orange et de la viande bovine. Chiffre record Cette situation pousse le Brésil à mener « la révolution » contre les pays riches, dans le cadre des négociations autour de l'OMC et du futur rendez-vous de Hong Kong pour réduire les tarifs douaniers sur les produits agricoles et neutraliser les subventions aux agriculteurs du Nord. L'expérience brésilienne pourrait donner des idées aux autorités algériennes qui semblent peiner dans leurs discussions avec l'OMC. Dans ces négociations, le dossier agricole paraît encore accessoire. Les exportations brésiliennes vers l'Algérie demeurent encore faibles. L'Algérie, qui arrive à la 47e place des marchés acquéreurs, est, toutefois, le deuxième pays en Afrique, après le Nigeria, à acheter des produits brésiliens. La valeur des exportations annuelles brésiliennes vers le continent noir est de 5,4 milliards de dollars. Dans sa globalité, le commerce entre l'Algérie et le Brésil a augmenté de 40 %. « Si l'on maintient cette performance, le flux commercial entre les deux pays pourrait clôturer 2005 avec 3,2 milliards de dollars, un chiffre record », estime-t-on. Le Brésil vend à l'Algérie principalement du sucre, de l'huile de soja, des véhicules légers, des réfrigérateurs, le papier et la viande bovine. Environ 248 entreprises brésiliennes opèrent sur le marché algérien, un nombre en augmentation. Analysant les besoins de l'Algérie, le Brésil aspire à concurrencer le Canada et la Russie pour la vente du blé. Il souhaite également -c'est l'une des raisons de la présence de Luiz Fernando Furlan à Alger- convaincre les Algériens à acquérir des produits informatiques, des appareils électroniques, des véhicules, des équipements de télécommunications, de l'outillage et des fruits. Fin négociateur, Luiz Fernando Furlan, 57 ans, administrateur d'entreprise (Sadia SA), maîtrise parfaitement le marché des capitaux et les marchés agricoles mondiaux. Il est président du Forum des chefs d'entreprise, vice-président du Commerce extérieur du Brésil et membre du Conseil des entrepreneurs d'Amérique latine. Son collègue, Rondeau Cavalcante Silva, 53 ans, a géré plusieurs entreprises, dont Eletrobras, Eletronote et Companhia energetica do Amazonas. Au début 2005, Celso Luiz Nunes Amorin, ministre d'Etat brésilien des Relations extérieures, a effectué une visite à Alger pour relancer les relations entre les deux pays et préparer le terrain à la reprise des réunions de la commission mixte interrompues en 1987. En mai 2005, les présidents algérien et brésilien Abdelaziz Bouteflika et Luiz Ignacio Lula Da Silva avaient dirigé les travaux du Sommet monde arabe et Amérique latine de Brasilia. Cela a été perçu comme une tentative de redéploiement stratégique des deux ensembles. Le Brésil cherche actuellement un appui pour avoir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Dans un récent message au Président Bouteflika, Ignacio Lula Da Silva a estimé que son gouvernement donne la priorité aux relations du Brésil avec les pays africains et le monde arabe et « ne doute plus de l'importance d'intensifier le dialogue avec l'Algérie ».