Les coptes d'Egypte se considèrent comme d'authentiques Egyptiens dont ils portent d'ailleurs le nom. Ils revendiquent avec honneur leur descendance pharaonique et ne manquent pas de rappeler le rôle qu'ils ont joué dans l'émergence du nationalisme et de l'Etat moderne égyptien. Ils affirment avoir été convertis en l'an 42 par Saint Marc, qui aurait construit la première église à Alexandrie.Mais cela fait déjà fort longtemps que le mot «copte» ne signifie plus Egypte mais désigne uniquement la communauté chrétienne la plus importante de tout le Moyen-Orient. L'«âge d'or» des chrétiens d'Egypte, lorsque deux d'entre eux ont été Premier ministre avant la Seconde guerre mondiale, semble aujourd'hui bien loin. Les choses ont commencé à mal tourner pour les coptes à l'arrivée de Gamal Abdel Nasser au pouvoir. Ils ont ainsi été les premières victimes de la politique de nationalisation des années 1960. Le président Sadate leur a donné le coup de grâce en définissant l'Egypte comme un pays musulman. L'instruction religieuse a été rendue obligatoire. Et la montée de l'intégrisme dans le pays augmente leur insécurité. Si l'ancien secrétaire général de l'ONU Boutros Boutros-Ghali est l'un des coptes les plus connus au monde, la communauté chrétienne d'Egypte est rarement sollicitée pour des postes de responsabilité politique. Le Parlement égyptien ne compte qu'un seul copte sur 454 députés. Depuis quelques années, les mesures discriminatoires envers les chrétiens du Nil se font de plus en plus abitraires. Alors que les musulmans n'ont pas besoin d'autorisation pour construire une mosquée, le président de la République lui-même doit entériner l'édification de nouvelles églises. A l'école, les manuels passent sous silence l'histoire des coptes, pourtant majoritaires en Egypte jusque vers le XIIe siècle. Pour autant et même si beaucoup ont choisi de prendre le chemin de l'exil, les coptes tiennent à leur égyptianité et préfèrent faire face aux persécutions plutôt que de fuir. «Les coptes sont présents dans toutes les classes sociales et dans tout le pays. Ils comptent y rester car ils considèrent qu'ils ne vivent pas en Egypte, mais que c'est l'Egypte qui vit en eux puisqu'ils la portent dans leur nom», explique Wadie Andrawiss, historien, dans son ouvrage sur les Coptes chrétiens d'Egypte. Dans une tribune publiée en février 2010 dans le journal Al Ahram Hebdo, Taha Abdel Alim, intellectuel égyptien, rappelle le confort que ressentaient les coptes d'Egypte à l'issue de la conquête arabo-islamique : «Ce sont les Arabes qui ont éliminé le cauchemar byzantin, les libérant de l'intransigeance et de la persécution religieuse. Après le renversement des Byzantins des postes religieux et militaires, les coptes ont pu avoir la mainmise sur la terre, les couvents religieux et les églises vidées par les Byzantins. Les dirigeants arabes et leurs voisins musulmans leur portaient un regard de respect et d'estime.» Et de souligner : «Les coptes, sous la gouvernance arabe, ont préservé le patrimoine de leurs aïeux et se sont intégrés comme un élément positif et efficace dans le corps de la nation arabo-musulmane sans pour autant perdre leur identité et leur patrimoine ancien.» Dans une tribune intitulée «J'accuse» et publiée sur le site du journal Al Ahram, l'auteur vocifère : «Je ne suis pas Zola mais moi aussi je peux accuser, non pas les criminels assoiffés de sang d'Al Qaîda mais les représentants du gouvernement qui ne peuvent s'empêcher de jouer de leur bigoterie et du sentiment anti-copte au lieu de s'attaquer aux véritables problèmes du pays.»