Les dockers du port d'Alger sont en grève depuis deux jours. Ils comptent poursuivre leur mouvement de protestation jusqu'à la pleine satisfaction de leurs revendications. «Nous sommes en grève depuis mardi et nous poursuivrons notre action jusqu'au bout», fulmine Samir Hedjadji, un gréviste qui dit se soulever contre les nouvelles mesures de compensation et d'organisation qualifiées d'«injustes». «Vous savez, derrière ces mesures se cache une réelle volonté de nous mettre dehors. Déjà, ils ont commencé par réduire le nombre de dockers par bateau. Avant, nous étions 12 à travailler sur un bateau. Maintenant, nous ne sommes que 10…», dénonce-t-il. La grève a paralysé une bonne partie du port. Le trafic de marchandises a connu, hier, une forte perturbation. L'activité au niveau des môles 3, 4, 5 et 7 était totalement à l'arrêt. En revanche, au niveau des quais 1 et 2, le service est assuré normalement. Selon les grévistes, quelque 900 dockers ont observé la grève. Du côté du syndicat, on parle d'une centaine de grévistes. Il faut préciser que le syndicat d'entreprise n'adhère nullement à la démarche des grévistes, qu'il qualifie d'acte isolé et inattendu et qu'il refuse d'approuver. Pour lui, il est en effet impensable de revenir sur un accord passé entre le syndicat et la direction de l'EPAL. Mais les grévistes ne veulent rien entendre. Pour eux, cet accord est nul et non avenu du moment qu'il a été passé à leur insu. Face à la détermination des grévistes, le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Halim Boukezoula, a décidé d'agir pour désamorcer la situation en s'employant à trouver un arrangement entre la direction et les grévistes. Le directeur général adjoint de l'EPAL, Abdelaziz Ghettas, a indiqué à l'APS que, dans la matinée d'hier, 4 navires étaient en opération. Il a souligné que la direction générale de l'entreprise s'était réunie mardi après-midi avec le conseil syndical pour examiner la situation, précisant que le syndicat est «en contact permanent» avec les grévistes pour mettre fin à ce mouvement. Le débrayage risque de se poursuivre durant les prochains jours si la direction de l'EPAL continue à ignorer les revendications des dockers. Parmi les mesures contestées, il y a l'organisation en shifts. Autrement dit, le réaménagement effectué dans le travail en équipe qui ne semble pas arranger les dockers. Par exemple, les heures supplémentaires travaillées les vendredis et les jours fériés seront plutôt compensées par une journée de repos. Aussi, il y a le problème des contrats de travail. Parmi les grévistes, il y a 360 manutentionnaires journaliers et 160 qui ont un contrat de travail d'une année renouvelable. Les grévistes dénoncent également un plan de réduction des effectifs décidé par la direction en 2010. Ce plan vise à réduire essentiellement les équipes de manutention afin d'améliorer le rendement des travailleurs. En janvier 2010, quelque 620 ouvriers manutentionnaires journaliers avaient observé une grève de plusieurs jours pour protester contre leur situation précaire. D'autres débrayages ont été observés durant la même année sans que les autorités concernées daignent répondre favorablement aux revendications des dockers, qui continuent à sombrer dans leur misère quotidienne.