Il n'y a pas un texte de loi qui interdit le port du couteau ou du canif, nous informe un commissaire principal à la direction de la police judiciaire de la DGSN. « Sauf pour les sabres, les machettes et les fusils à harpon, une législation est en vigueur tant en ce qui concerne les conditions d'importation que le port ou l'usage fait pour ces armes blanches », indiquera-t-il. Ce sont les bandes organisées qui utilisent les sabres, les machettes et les fusils à harpon. Au niveau national, Oran est aujourd'hui en tête des villes du pays, dont les bandes se dotent de ce genre d'armes, précise notre source. « C'est pour cette raison qu'on parle de circonstances aggravantes dans les affaires de justice où il y a port et usage de sabres, machettes ou fusils à harpon », ajoutera-t-il. Cependant, lorsqu'il s'agit de certains métiers comme pour les bouchers, les pêcheurs ou autres, l'enquête déterminera si le port de l'arme blanche en question n'a pas été précédé par une intention de blesser ou de tuer son adversaire. Par contre, on évoquera des circonstances atténuantes dans les cas d'agression ou de rixe, où il y a usage d'un canif ou d'un couteau, mais bien sûr sans intention de nuire, conclut-il. Par ailleurs, il y a une autre donne liée à ce qu'a vécu le pays durant les 15 dernières années. « Le délinquant évite les armes à feu parce qu'il sait qu'il risque d'être systématiquement confondu avec un terroriste », insiste le même officier de police. Il nous expliquera que « le jeune délinquant fait usage d'un couteau pour faire face à ses besoins en matière d'argent facile, mais plus l'arme est grande, plus sa victime est terrorisée ». En une dizaine de jours (du 4 au 15 octobre 2005), la DGSN a eu à traiter, au niveau national, 226 affaires liées à l'usage des armes blanches, selon un commissaire de la direction de la police judiciaire de la DGSN. 164 personnes ont été mises sous mandat, 35 en liberté provisoire et 7 sous contrôle judiciaire. De son côté, la Gendarmerie nationale a saisi 41 couteaux de différentes dimensions lors d'une descente opérée par ses agents, le 25 octobre 2005. C'était la troisième opération du genre (4 septembre et 12 octobre). « Certains délinquants s'arrangent pour faire des trous sur la lame ,et comme ça, ils sont sûrs de provoquer la mort subite chez leurs victimes », nous précise un colonel de la Gendarmerie nationale. Le 16 octobre dernier, un jeune homme de 21 ans et une fille de 16 ans qui se promenaient à proximité de la ferme Si Boualem El Alaoui à Aïn Taya (à l'est d'Alger) ont été accostés par trois individus munis d'armes blanches, ont enlevé la fille pour ensuite la conduire dans une forêt. L'intervention rapide des éléments de la Gendarmerie nationale avait permis l'arrestation des agresseurs et la saisie des armes en question. Cet exemple montre bien à quel point la présence incontrôlée des armes a des conséquences néfastes, bien qu'il soit difficile d'établir des statistiques complètes sur cet aspect. Les agresseurs ont des préférences de tranches horaires. Tôt le matin, ils s'en prennent au sexe féminin en leur volant portables, bijoux et sacs à main. Aux heures de pointe, c'est le vol par effraction, notamment des voitures. Dans la nuit, enfin, c'est toute la délinquance qui active et l'usage des stupéfiants (y compris les psychotropes) donne souvent des idées.