A l'initiative de l'Etablissement arts et culture, le Centre de loisirs scientifiques de Didouche Mourad à Alger accueille, du 8 au 25 janvier, le Salon du collectionneur. Cette initiative n'est pas nouvelle en soi puisque du temps du Comité des fêtes de la Ville d'Alger, le Salon du collectionneur était inscrit dans les calendriers de cet organisme. Preuve en est avec la tenue de deux salons de ce genre en 1992 et en 1998. Quatorze exposants, atteints par le même virus, sont venus exposer leurs reliques. Des reliques datant, pour la plupart d'entre elles, entre le début du XIXe siècle et la fin du XXe. Des collectionneurs, venus avec leurs objets anciens exhumer et mettre au parfum du jour certains pans de notre histoire. Cette collection multiple est la somme d'objets ayant une certaine valeur esthétique, historique, appréciée pour leur rareté et leur originalité. «Le public d'amateurs qui a grandi s'est ouvert à de nouvelles classes sociales, de nombreux collectionneurs d'art collaborent par des donations, soit à l'enrichissement de musées déjà existants, soit à la création de nouveaux espaces d'exposition en offrant au regard de tous leurs collections personnelles», lit-on dans la préface de la fiche de présentation de ce salon. L'ensemble des collectionneurs exposent des objets anciens variés ayant trait à la cartophilie, la philatélie, la photographie, la dinanderie, la poterie, les pièces de monnaies et les billets de banque algériens, les pin's et les bijoux berbères. Lyès Meziani est un collectionneur de plus d'une trentaine d'années. Il aime chiner, faire des achats et effectuer des échanges divers dans le domaine de la photographie. Il propose plusieurs haltes historiques. Dans une vitrine, est agencé un vieux cartable marron au cuir usé – datant des années cinquante – ayant appartenu une première fois à un certain Olivier Canovi et une seconde fois à un étudiant algérien en géophysique. Antiquités ici et là, on retrouve d'anciens livres de lecture en langue française de cours préparatoire de la collection Hatier, un certificat d'études primaires, une plume sergent-major, des crayons de cahiers et de couleurs. Les deux autres vitrines sont consacrées à l'univers de la photo. Ce spécialiste de la photographie dévoile toute une série de calibres d'appareils de photos datant du XIXe siècle. Ce collectionneur passionné retrace les grandes étapes historiques et techniques de l'appareil photo, avec plus d'un siècle d'évolution à travers une collection d'appareils datant de 1880 à 1970, en passant par les chambres noires, les détectives, les folding et les pellicules. La marque allemande, Leica (1925), explique-t-il, a révolutionné le monde de la photographie avec son format 24x36 et son objectif à visée télémétrique de 50 mm. L'œil est en admiration devant cet appareil de photographie en miniature à bobines baptisé le Kombi remontant à 1892. Il a été inventé par Alfred Kinpel. Une propulsion à travers le temps est à l'honneur avec cette chambre en bois de 1880 de format 3x18. Lyès Méziani excelle également dans la collecte d'anciennes photographies prises à l'intérieur de studios répertoriés à travers le territoire national. Il propose, ainsi, des clichés mettant en avant-plan le quotidien, parfois difficile, de la population algérienne sous l'occupation coloniale. Ces images, qui parlent d'elles-mêmes, sont signées par des auteurs français, suisses, allemands et espagnols. Passion numismatique Parmi ces photographes de talent ayant révolutionné leur temps, citons entre autres Ernest Karsenty de Mascara, A. Lagard de Tizi Ouzou, Jean Geiser à Bab Azzoun (Alger). Le collectionneur espère que «ces photographies contribueront d'une part à la vulgarisation de l'ensemble des collectionneurs, et d'autre part à sensibiliser les jeunes et à susciter en eux cette passion dévorante». Boussaâd Mohamed Saïd est un mordu de monnaies et de billets de banque. Il propose une collection de mille pièces et d'une centaine de billets de banque en circulation en Algérie entre les années 1920 et les années 1980. Deux francs en argent datant de 1901 et de 1944, un billet de mille francs de 1924 ou encore un billet de cinq dinars sont autant de monnaies à découvrir avec intérêt et curiosité à la fois. Le collectionneur Abbad Azzedine exhibe quatre bijoux en argent de famille d'une valeur inestimable. Ces bijoux, datant de 120 ans, se déclinent en un bracelet incrusté de pierres en corail, d'une grosse paire de «kholkhal» pesant 400 g et une paire de «amekyas». Hamza Abdellatif dévoile une imposante collection de cartes postales, de gravures et de timbres. Il nous confie qu'il a d'autres passions pour la collecte de pierres rares et de cartes téléphoniques. Il est à noter que certains collectionneurs procéderont à la vente de certains de leurs objets à la fin de la manifestation, c'est du moins ce qu'a indiqué le commissaire du Salon. Un détour du côté du Centre de loisirs scientifiques s'impose.