Faute de quantités suffisantes de farine panifiable, des boulangeries à Médéa baissent leur rideau à peine 11 heures passées. Ces derniers jours, pour se procurer quelques baguettes de pain dans la région de Médéa, il faut se lever très tôt ou, pour les plus chanceux, les commander d'avance la veille. Telle est la situation en matière d'approvisionnement en pain dans la wilaya de Médéa, depuis quelques jours déjà. Les vendeurs de pain traditionnel sont très sollicités et n'arrivent pas à faire face au déferlement des clients devant leurs étals. Une simple randonnée, à travers le centre-ville de Médéa et dans quelques communes jouxtant le chef-lieu de wilaya, permet de rendre compte d'une situation pour le moins incompréhensible et injustifiable pour des citoyens vivant dans une région pourtant à vocation céréalière. Faute de quantités suffisantes de farine panifiable, les boulangeries baissent leur rideau à peine 11 heures passées, a-t-on constaté. D'autres ont préféré cesser temporairement leur activité en attendant que la situation se redresse. Au niveau du chef-lieu de la commune d'Ouzera, une seule boulangerie, qui ne travaille qu'une demi-journée, reste opérationnelle pour une population qui dépasse les 13 000 habitants. «C'est la pénurie de blé tendre destiné à la fabrication de la farine panifiable qui est à l'origine de cette crise du pain. Les minoteries ne fonctionnent que 3 à 4 jours sur sept. La coopérative de commercialisation de légumes secs (CCLS) ne fournit pas des quantités suffisantes de blé tendre aux minoteries. Cette denrée constitue la base de la farine panifiable. En revanche, la consommation de pain a enregistré une augmentation conséquente ces derniers temps», nous explique un boulanger. Sur fond de contestation sociale, les rumeurs vont bon train et certains parlent même de quotas de farine qui auraient été détournés au profit de l'activité d'élevage de bétail ! D'autres évoquent des pratiques spéculatives de la part de fournisseurs qui cèdent le quintal de farine aux boulangers au-delà du prix fixé par l'Etat. La marge peut ainsi aller de 100 DA à180 DA, bien au-delà du prix de 2000 DA, fixé par l'Etat. Par ailleurs, les boulangers mettent à l'index ce qu'ils qualifient de facture salée des charges liées à la consommation de gaz et d'énergie électrique, en plus de la flambée sur les marchés de l'importation des prix de la levure et des améliorants. Dans cet enchevêtrement des intérêts des uns et des autres, le simple citoyen reste vulnérable et s'interroge sur le rôle des organismes de contrôle et de régulation.