Se rapprocher du service de l'état civil dans la commune d'El Milia relève, depuis déjà de longues années, du miracle. Pour retirer un quelconque document, il faut d'abord s'armer de patience et faire preuve de sagesse pour affronter les bousculades et les humiliations des longues files d'attente. Pour ceux qui sollicitent le document biométrique, la mission est encore plus périlleuse, car l'imprimé du 12S est introuvable. «Il faut déposer une photocopie de la carte d'identité nationale et attendre», lance le préposé au guichet du service d'état civil. Celui-ci fait savoir que depuis quelques jours, il y a pénurie du document en question. Il explique qu'il faut attendre une semaine ou plus. Les préposés aux guichets, débordés et souvent harcelés par les citoyens, perdus eux-mêmes dans le désordre d'un service sous pression, peinent à satisfaire toutes les demandes auxquelles ils font face. Cela dit, le fameux imprimé a fait sa réapparition, ce dimanche, mais, selon des sources au sein du service concerné, les pénuries sont récurrentes. «La plupart du temps, il y a un manque d'imprimés du 12 S; en plus, les quantités ramenées s'épuisent rapidement», indiquent les mêmes sources. En attendant que ces fameux imprimés soient disponibles, les demandes s'accumulent au quotidien, au grand dam des citoyens, contraints à un aller et retour incessant. Même à la daïra, l'imprimé à remplir pour la demande de la carte d'identité et du passeport biométriques fait défaut. «On m'a dit de revenir lorsque j'aurai complété le dossier», déclare un jeune, rencontré sur les lieux. De l'indispensable extrait du12S, en passant par l'imprimé à remplir, certains se perdent dans la recherche des extraits de naissance du grand-père, notamment pour l'établissement du certificat de nationalité ou pour rectifier une erreur sur ces documents. Devant la complexité de cette mission, certains s'avouent vaincus et déclarent qu'ils se sont résignés à vivre sans identité. Un homme le dit, d'ailleurs, en ces termes: «Pour corriger une erreur, je peine à rassembler plusieurs documents. C'est difficile pour moi d'établir ma carte, je préfère donc abandonner et revenir plus tard, peut-être les choses s'arrangeront-elles d'ici là.» Face à cette situation, le P/APC, accompagné du secrétaire général, s'est déplacé sur les lieux, où il a convoqué une réunion d'urgence avec les responsables et le personnel. Ces derniers ont été mis en garde contre tout dépassement par rapport à d'éventuelles complicités avec des personnes étrangères au service. Ils ont été également engagés à mettre de l'ordre au niveau des guichets. Des voix au sein de l'APC se sont, par ailleurs, élevées, appelant les élus à s'impliquer davantage dans la recherche d'une solution au problème de l'état civil. «Ce sont les administrateurs qui font face à ce problème; les agents et les responsables du service ne peuvent rien à eux seuls. Nous voulons que les élus de l'assemblée communale viennent voir la pression que nous subissons de la part des citoyens», déclare-t-on du côté de la corporation du personnel administratif.