L'Union nationale des opérateurs en produits pharmaceutiques (UNOP) dresse un bilan désastreux du recours au crédit documentaire comme moyen unique de paiement imposé aux importateurs par la très controversée loi de finances complémentaire pour l'année 2009. Rédigé par des fonctionnaires zélés sans concertation aucune avec les opérateurs concernés, l'article de loi en question visait à donner un coup de frein aux importations qui avaient atteint, on s'en souvient, le chiffre record de 38 milliards de dollars en 2008. Pourquoi le choix précis du crédit documentaire qui n'est qu'un moyen de paiement parmi d'autres mais, aussi et surtout, qui a pris la décision de l'imposer comme moyen unique de paiement des importations et convaincu le président de la République que le Credoc constitue la panacée pour, à la fois contrôler et empêcher la dérive des dépenses d'importations ? Décrié par toutes les organisations patronales qui avaient très tôt averti le gouvernement l'inefficacité de ce mode de paiement et les dangers gravissimes qu'il allait faire encourir aux industriels et aux citoyens algériens en termes d'arrêt de production, de pénuries et de hausses des prix à la consommation, le Credoc a, en dépit du bon sens, été maintenu. Bien qu'ayant pris conscience aux moyens de ses propres canaux d'information (ONS, Douanes etc.), des dégâts multiformes occasionnés aussi bien à l'économie qu'à la population, le gouvernement s'entête à le maintenir. Les chiffres et les faits attestant de l'échec cuisant de ce mode de paiement sont en effet patents. Les dépenses d'importations qu'on voulait réduire ont, bien au contraire, augmenté en 2010, année durant laquelle elles ont dépassé allégrement 40 milliards de dollars, selon les chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes qui ne comptabilise que la valeur des marchandises importées. En y incluant la valeurs des services liés aux marchandises (fret) ou indépendants (ingenierie, know how, études etc.) les dépenses d'importations dépasseraient 45 milliards de dollars, selon les premières estimations. Une augmentation des dépenses d'importations qui n'a même pas eu les effets bénéfiques que le pays était en droit d'attendre en termes de disponibilité de matières premières pour les usines et de produits consommables. Les pénuries ont été le lot de pratiquement de toutes les unités de production qui ont, pour la plupart, été contraintes de revoir à la baisse leurs performances productives. Les citoyens ont, quant à eux, renoué avec les pénuries, y compris celles des médicaments et des produits alimentaires de base, rappelant les sinistres années de l'économie dirigée. La déstabilisation de l'approvisionnement du marché ajoutée aux effets de hausse de prix induits par l'effondrement de la valeur du dinar par rapport aux devises, les délais trop longs de mise en œuvre du Credoc (entre 60 et 90 jours) et la lourdeur des frais financiers exigés aux importateurs par les banques. Le président de l'UNOP, Amar Ziat, nous a ainsi appris que les frais financiers payés aux banques au titre du recours au Credoc ont été multipliés par 7 durant l'année 2010 !!! Une étude effectuée par le Forum des chefs d'entreprises estime à environ 1 milliard de dollars la somme empochée en 2010 par les diverses banques intervenant dans la procédure du Credoc. Un surcoût qui sera, à l'évidence, répercuté sur les consommateurs et les producteurs qui paieront, comme on commence déjà à le constater, plus chèrement les produits de consommations et les matières premières. L'autre inconvénient majeur du crédit documentaire, estime le président de l'UNOP, est qu'il requiert la mobilisation de l'intégralité du coût financier du contrat d'importation d'où la nécessité de mobiliser, sans autres arrangements possibles avec les banques des fournisseurs, la trésorerie disponible. Les importateurs sont ainsi constamment dans la gêne financière qui dans de nombreux se traduit par leur incapacité à payer régulièrement les salaires des travailleurs et à régler les factures des créanciers. Le grand perdant du Credoc est aussi le Fisc algérien, estime Amar Ziat qui relève que ce dernier aura beaucoup moins de recettes fiscales à tirer des entreprises en termes d'impôt sur les bénéfices (IBS), ces dernières ayant subi, pour toutes les raisons évoquées, une baisse drastique de leurs chiffres d'affaires et de leurs profits.