Le président du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed, a apporté son soutien à la proposition de l'ex-secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, pour une sortie pacifique de la crise. Dans une lettre qu'il lui a adressée suite à un entretien téléphonique, Hocine Aït Ahmed lui dit : «Je veux t'assurer de l'importance et de l'intérêt que je porte à ta contribution. Elle représente, dans la crise actuelle, une initiative forte et pertinente.» Et de noter des «convergences essentielles entre nous dans l'analyse politique de la situation du pays». Le président du FFS, figure de proue de l'opposition algérienne, souligne encore une fois à l'adresse de M. Mehri qu'il a étudié «avec une attention particulière tes propositions pratiques. J'y vois un moyen approprié de rendre à nouveau possible l'engagement citoyen des Algériennes et des Algériens. Je pense que la pratique citoyenne effective permettra la mobilisation patriotique de notre peuple». Ceci et de formuler le vœu, en reprenant les propos de M. Mehri, que «le cinquantenaire de l'indépendance verra de nouveau le peuple algérien fier de son passé et rassuré sur son avenir». Il assure enfin qu'au sein du FFS, «nous travaillons pour impulser ce nouvel élan dont nous avons tellement besoin». Abdelhamid Mehri avait adressé, pour rappel, une lettre au président de la République dans laquelle il propose une issue à la crise politique. Une issue basée sur la nécessité «de faire mûrir le processus de changement et de le consolider par les initiatives multiples provenant, en toute liberté, des différentes catégories de la société», indique-t-il. Il préconise de commencer par des actions pratiques en vue de rendre possible le changement. Ainsi, en premier lieu, l'ex-SG du FLN préconise «d'accélérer la suppression et la levée des obstacles et des entraves qui inhibent la liberté d'expression ou la restreignent. Réunir les conditions nécessaires permettant aux organisations et aux initiatives sociales des jeunes de la nation, ses étudiants, ses cadres et ses élites des différents secteurs et disciplines, d'exercer leur droit naturel et constitutionnel à exprimer par tous les voies et moyens légaux, leurs critiques, leurs aspirations, leurs opinions et leurs propositions». Il propose aussi d'appeler à la multiplication des initiatives populaires émanant de la société et soutenant la demande de changement pacifique, et ce, autour d'axes bien précis, notamment la tenue de «séminaires de dialogue rassemblant à différents niveaux et dans la diversité des courants intellectuels et politiques, des citoyens engagés qui rejettent la violence et l'exclusion politique et qui œuvrent à identifier les similarités et les préoccupations communes permettant la jonction des volontés et des efforts pour la réussite du changement pacifique souhaité». Aussi, à travers «des groupes d'évaluation regroupant à des niveaux différents les représentants de divers courants intellectuels et politiques qui auront la charge de procéder à une évaluation objective de ce qui a été accompli depuis l'Indépendance». Autre forme de regroupement, M. Mehri propose «des amicales de solidarité contre la corruption qui auront pour mission d'édifier un barrage contre la généralisation de la corruption en sensibilisant les larges catégories sociales susceptibles d'être les victimes des corrompus. Cette mobilisation sociale interviendra en appui à des mesures administratives et légales contre la corruption». En troisième lieu, M. Mehri préconise d'établir «des ponts pour le dialogue et la concertation les plus larges avec les forces politiques pour préparer un congrès national général». Ce congrès aura pour mission de faire l'évaluation critique et globale du système de gouvernance, de prendre les mesures nécessaires pour sortir le pays de la spirale de la violence qu'il connaît depuis 20 ans et d'établir une plate-forme nationale sur les perspectives du développement national global et sur la préparation du pays à faire face aux évolutions imposées par les changement mondiaux. Enfin, établir une plate-forme sur les fondements de la politique étrangère et identifier les mesures pour la réalisation de l'union entre les pays du Maghreb. Le soutien de Aït Ahmed à la proposition de Mehri peut donner lieu à une nouvelle initiative commune de sortie de crise, après celle d'il y a quelques années, appelée «initiative des trois», regroupant Hocine Aït Ahmed, Abdelhamid Mehri et Mouloud Hamrouche.