L'accumulation d'un certain nombre de problèmes, dus à des incohérences au niveau ministèriel et d'autres à des défaillances locales, a provoqué ces révoltes. Plus de la moitié des facultés composant l'université Hadj Lakhdar est paralysée par les mouvements de grève des étudiants, et d'autres sont du moins perturbées. Cela dure depuis plusieurs semaines; fait nouveau à Batna où ces grèves sont rares, ou en tout cas jamais enregistrées massivement et avec une telle intensité. Pour Moussa Ziregue, recteur de l'université, ce mouvement se limite aux facultés qui forment des ingénieurs, touchés par le problème de la valeur du diplôme posé au niveau national. Le recteur qui a répondu hier aux questions d'El Watan, nie l'existence de grèves dans certains départements; pour le reste, il estime que c'est un mouvement légitime avec des revendications légitimes. «Nous n'avons jamais fermé la porte du dialogue; nous avons discuté avec ces protestataires qui sont nos enfants et nous leur avons assuré que leur revendication sera réglée dans quelques jours avec l'élaboration d'un nouveau décret», a-t-il assuré. Notre interlocuteur a refusé d'admettre que l'université de Batna, en plus des grèves à caractère national, a été secouée par des débrayages dans plusieurs facultés où les étudiants posent des problèmes d'ordre local. C'est le cas de la faculté d'architecture, celle des sciences médicales ou encore de droit privé. La première est d'ailleurs toujours à l'arrêt pour des problèmes d'hygiène et d'absence de confort minimum, comme le froid qui s'engouffre à travers les vitres brisées, incommodant les étudiants. Quant aux étudiants de médecine et de pharmacie, ils ont marqué l'année par des mouvements sans précédent, eux qui d'habitude sont à l'abri de l'instabilité. Il y a deux semaines, ils ont débrayé pour porter leur voix à la tutelle, dénoncer des aberrations et designer du doigt des responsables. Leurs appels n'ont eu d'autre écho que le mépris, un mépris qui a fini par avoir raison de leur détermination d'une guerre d'usure à laquelle ils n'étaient pas préparés. Bien entendu, au milieu de ces mouvements, pour la plupart légitimes, des parasites se sont introduits pour profiter de l'élan et gratter des privilèges. L'attentisme du rectorat C'est l'idée défendue par Mabrouk Kheireddine, coordinateur du syndicat des enseignants (CNES) à l'université Hadj Lakhdar. Pour lui, les problèmes objectifs ne sont posés qu'à l'occasion de revendications personnelles pour des privilèges devenus avec le temps des acquis. Quid du traitement réservé par le rectorat à ces perturbations? Le syndicaliste observe que le rectorat ne peut que fermer les yeux sur ces mouvements et attendre que la tempête passe, sachant que l'administration ne peut fâcher les organisations estudiantines à l'origine, selon lui, de ces grèves. «Le rectorat suit la politique nationale et sa position est dictée par le système en place. Ces organisations jouissent de privilèges et le recteur ne peut les contraindre, sinon comment espérer les mobiliser à l'occasion des marches de soutien au pouvoir ?» L'autre exemple nous vient de l'institut d'interprétariat, secoué depuis jeudi par la grève des étudiants qui dénoncent l'annulation de la licence. Pour M. Kheireddine, cette filière est de trop, et la faute incombe au ministère de tutelle pour avoir autorisé l'ouverture de ce département dans une région qui n'en a pas besoin, et qui ne peut offrir des débouchés professionnels aux diplômés. Quoi qu'il en soit, il semble que l'accumulation d'un certain nombre de problèmes, dus aux erreurs au niveau national, mais aussi à la gestion locale, ont provoqué ces «révoltes» qui, tôt ou tard, devaient monter à la surface. Au lieu de se dérober derrière l'excuse nationale, n'est-il pas temps de faire un audit de l'université Hadj Lakhdar et d'oublier les satisfecit mensongers pour diagnostiquer le mal et apporter des remèdes ? Faute de quoi, des explosions plus importantes risquent d'emporter les vrais acquis.